Image lionsdelatlas par défaut

Lancée en 2009, la construction de 1. 000 centres socio-sportifs de proximité qui devait s’achever en 2012 a abouti à seulement 300 unités aux mains de gestionnaires peu scrupuleux.

Rachid Talbi Alami, ministre de la Jeunesse et des Sports, qui veut en construire 800 en deux ans, réfléchit à un nouveau modèle de gestion qui puisse offrir les services promis aux populations de quartier. 1. 000 terrains de mini-foot, basket-ball, hand-ball, volley-ball, et d’athlétisme devaient normalement être opérationnels et équiper les quartiers de toutes les grandes villes marocaines dès 2012. Cette stratégie, mise en œuvre par Moncef Belkhayat, ex-ministre de la Jeunesse et des sports, n’a jamais abouti. En 8 ans, seuls 300 terrains sont sortis de terre. Loués au jour le jour, ils sont aux mains de gestionnaires « qui font passer leurs intérêts avant ceux des populations visées par ce programme », selon M. Belkhayat et son successeur actuel Rachid Talbi Alami, contactés par Médias24. L’actuel ministre de la Jeunesse et des sports, qui va reprendre la construction des CSSP, a récemment dénoncé devant la Chambre des représentants « un modèle de gestion défaillant qui profite à certains »Rachid Talbi Alami nous déclare que le projet mis en œuvre en 2009 est censé profiter aux populations de quartier, mais que l’objectif de 1. 000 CSSP en 2012 n’a jamais été atteint. « Nous sommes en 2017, et seulement 30% du programme a été finalisé. Je ne veux jeter la pierre à personne, mais il est temps de combler le déficit de ces infrastructures sportives. Le ministère va donc en construire 800, ce qui permettra de dépasser l’objectif de 2012, en allouant une somme de 600 MDH pour qu’ils soient opérationnels au plus tard en 2019 », révèle le ministre. A la question de savoir ce qu’il allait faire des 300 existants, Alami explique qu’il est nécessaire de revoir leur modèle de gestion économique qui n’assure ni efficacité ni pérennité des services sportifs. « Ces CSSP sont loués à des tierces personnes, et leur mission publique est donc complètement pervertie. Nous travaillons à finaliser un projet de gestion rigoureuse pour revoir leur efficacité. « Il ne s’agit pas de construire pour construire, il faut surtout assurer leur bon fonctionnement pour que les populations de quartier puissent bénéficier gratuitement de toutes les activités sportives. « Mon département procède à une évaluation pour multiplier leur nombre, tout en mettant en place un modèle de gestion permettant d’assurer des recettes suffisantes pour s’inscrire dans la durée », promet Talbi Alami. Interrogé à son tour, l’ancien ministre Moncef Belkhayat est d’accord avec les reproches exprimés par Talbi Alami, tout en expliquant les raisons du retard de ce programme dont il est l’initiateur. « J’ai lancé en 2009 le programme de construction des CSSP avec un objectif initial de 1. 000 unités. Il devait coûter 1 MMDH et se faire sur la base d’un partenariat entre l’Etat et les collectivités locales. Ces dernières devaient apporter les terrains et financer la construction à hauteur de 50%. « Le ministère avait signé 400 conventions et prévu une classification en fonction du coût de chaque CSSP (de A à D soit 500. 000 DH à 5 MDH). Suite à mon départ en janvier 2012, j’en ai laissé 113 en activité, plus d’autres en chantier qui ont abouti au chiffre actuel de 300 », déclare Belkhayat. Sur le modèle de gestion économique décrié des CSSP, il rappelle avoir confié une étude au cabinet Roland Berger qui avait recommandé de la confier à la Sonarges (société nationale de réalisation et de gestion des stades) pour que cette société publique puisse les gérer sans conflit d’intérêts. « De plus, j’avais lancé un appel d’offres pour les informatiser avec une base de données clients et d’infogérance, qui a été remporté par Bull Maroc. J’ai dû l’annuler, car on m’a accusé de donner ce marché au patron de cette société, sous prétexte que nous avons des liens familiaux éloignés. « La vérité est que ceux qui gèrent ces CSSP, et gagnent de l’argent en les louant, refusaient que la gestion revienne à la Sonarges et cette informatisation, qui allaient à l’encontre de leurs intérêts. Toute cette campagne de lobbies et le fait que mon successeur (Mohamed Ouzzine) arrête ce programme expliquent qu’il n’ait jamais été mené à son terme », dénonce l’ancien ministre. Selon lui, la remise en cause de leur modèle de gestion est souhaitable, car l’argent récolté par les CSSP doit revenir dans les caisses de l’Etat pour les pérenniser sachant qu’ils sont gérés par des associations aux mains de personnes privées qui profitent indument d’infrastructures publiques pour s’enrichir (70. 000 DH/mois, souvent en liquide). « L’objectif de construire 800 nouvelles unités en deux ans est largement réalisable car le ministère est désormais expérimenté en la matière. Il dispose de 82 délégués à travers le Maroc. Ce qui veut dire que chacun d’entre eux doit réaliser à peine 5 CSSP par an », conclut optimiste, Belkhayat.