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A 26 ans, le pointu marocain a déjà évolué sur trois continents avant de poser ses valises dans la Vienne cette saison. Un parcours étonnant mais si riche.

Mohamed Al Hachdadi va enfin pouvoir se poser un peu. Un luxe pour le nouveau pointu poitevin qui a quasiment passé plus de temps dans les aéroports et dans les avions que sur les terrains ces dernières semaines. Rien d’étonnant finalement pour ce globe-trotter du volley mondial qui va découvrir ce soir Lawson-Body. Entre Afrique, Europe et Asie, Mohamed Al Hachdadi retrace le fil de sa carrière. Et de sa vie. Maroc« Je ne suis né à Mohammédia, à côté de Casablanca. Ma sœur faisait du volley. J’ai commencé à jouer avec elle quand j’avais neuf ans. J’ai ensuite pris ma première licence en minimes. Je suis passé par les cadets et après directement en seniors. J’ai joué en équipe nationale quand j’avais 15 ans et quatre ans plus tard, je suis parti au Qatar grâce à un ami. »Qatar« J’ai joué sous les ordres de grands entraîneurs comme Ljubo Travica ou Daniele Bagnoli. En fin de saison, lors des coupes, les clubs attirent de grands noms comme Leon ou Kaziyski. Ça changeait du Maroc. J’ai beaucoup joué. Même en fin de saison quand de gros attaquants arrivaient. A ces moments-là, j’évoluais comme réceptionneur-attaquant ou central. Mais si tu veux jouer au Qatar, tu dois le faire comme résident. Et comme résident, ils ont le droit de t’empêcher de jouer avec l’équipe nationale. Ils ont voulu que je porte les couleurs du Qatar. J’ai refusé. Je suis retourné au Maroc pour rester en sélection et j’ai terminé meilleur marqueur du championnat d’Afrique en 2015. »Clubs : Al-Ahli (2011-2013), Al-Rayyan (2013-2015). Finlande« Mon agent m’avait trouvé une équipe en Allemagne mais en tant que deuxième pointu. Moi, je voulais jouer. J’ai eu cette opportunité en Finlande. Il y avait un peu d’inquiétude. Avec ma femme, nous avions une certaine stabilité au Qatar. Dans un pays arabe, il n’y avait pas de racisme. En Europe, on ne savait pas vraiment. Tout s’est très bien passé même si des fois, il faisait – 39 °C. C’était terrible (rires). Le niveau était meilleur au Qatar. Il y avait plus de systèmes. »Club : Hurrikaani Loimaa (2015-2016). Turquie« Il y avait six étrangers dans l’équipe dont le pointu serbe Milijkovic. Mais en Turquie, tu n’as le droit de mettre que deux étrangers sur le terrain et un autre sur le banc. Les trois derniers vont en tribunes. Et avec Milijkovic, tu restes souvent en tribunes (rires). C’était dur de voir son équipe perdre sans rien pouvoir faire mais j’avais accepté cette proposition car avec Milijkovic, je savais qu’il y avait beaucoup de choses à apprendre. Je n’ai pas joué au départ et j’avais dit au coach que je voulais partir. Je me suis retrouvé titulaire peu de temps après. J’ai ensuite eu un problème à l’épaule et j’ai loupé quelques rencontres. Pendant cette période, un club coréen m’a proposé un contrat. Ankara voulait me conserver mais avec ma femme, nous voulions partir. Certains jours, j’entendais des coups de feu, des explosions. Nous ne nous sentions plus en sécurité. »Club : Halkbank Ankara (2016-2017). Corée du Sud« Le niveau était moyen mais l’organisation incroyable. C’était très professionnel. Il n’y a qu’un étranger par équipe. Il y a de la pression mais depuis l’enfance j’ai toujours été un leader avec beaucoup de ballons à attaquer. J’étais habitué. Lors d’un match, j’avais inscrit 46 points, mon record. On jouait au minimum deux fois par semaine avec trois séances d’entraînements tous les jours. C’est très dur. Les équipes défendaient beaucoup. Ça plongeait partout… Comme les poissons (rires). C’est sûrement la meilleure expérience que j’ai vécue et mon plus beau voyage. »Club : Ansan (2016-2017). France« Ajaccio m’avait proposé un contrat. J’avais refusé car j’étais en attente d’une réponse de Ravennes (Italie). On négociait mais un nouveau coach est arrivé et il ne comptait pas sur moi. Après, il y a eu Poitiers et j’ai accepté tout de suite. Je me sens bien ici. Je pense qu’on va faire quelque chose cette année. A Ajaccio, je m’attendais à ce que ça se passe bien. J’étais confiant (sourire). J’ai ensuite dû partir pour la sélection avant de revenir à Tourcoing. Je me suis réveillé à 6 heures, j’étais en Égypte. J’ai eu huit heures de voyage et directement au match (rires). Cette période n’a pas été facile à vivre. Il y avait la pression du club, de la fédération, je pensais à ma femme qui est enceinte et qui ne m’a pas encore rejoint. J’étais totalement perdu. Mais maintenant, c’est derrière moi. »Club : Stade Poitevin. Égypte« Les autres équipes étaient bien préparés, bien organisées pour ce championnat d’Afrique des Nations au Caire. Nous, nous avons changé d’entraîneurs trois fois en trois mois. Ce n’était pas facile pour nous les joueurs. On aurait dû se concentrer sur le terrain et le sportif. Mais il n’y avait pas de systèmes de block, de défense. Rien. Il fallait marquer des points sans savoir comment… On voulait réussir quelque chose et on a perdu 3-0 contre la Tunisie, le futur champion, en quart de finale. »Sélection : Maroc. Sa prochaine destination ?« L’objectif, c’est l’Italie. Je veux jouer dans une grande équipe, l’une des quatre premières du championnat. Ça ne sera pas facile mais je bosse pour y arriver. Cette saison va m’y aider. Le championnat de France n’est pas comme je le croyais. C’est très serré. Chaque match est un nouveau challenge. »