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De nombreuses équipes africaines ont pris des noms d’animaux, que ceux-ci proviennent de la savane ou des forêts tropicales, qu’ils soient forts et imposants ou plutôt petits, intelligents et rapides. Une grande partie de la faune africaine s’y retrouve. Demandez le guide !

   

C’est un fait, la culture orale est traditionnellement très prégnante sur le continent. Et en dépit de l’avance à marche forcée de l’urbanisation, de l’industrialisation et de la pollution, la nature y conserve encore ses droits dans de vastes espaces.  Sans doute ne faut-il pas chercher plus loin les raisons pour lesquelles le symbolisme animalier est très présent dans les sociétés africaines, depuis les mythes fondateurs en passant par la culture animiste, les superstitions. et jusqu’au nom des équipes de football.

Mais quel est ce prodigieux bestiaire, et pourquoi ces animaux nous fascinent-ils tant ?

Parce qu’ils sont puissants et mythiques

Les animaux sont censés offrir les vertus dont ils sont parés à ceux qui s’en inspirent : force, virilité, fécondité, intelligence, adresse, courage, ruse, habileté, vitesse. Il y en a pour tous les goûts.  « Ils peuvent avoir une fonction totémique pour des populations qui peuvent aussi penser que ce sont leurs ancêtres qui reviennent à la vie sous une autre forme », explique le conteur sénégalais Boubacar N’diaye. Et comme en sport il s’agit de dominer l’adversaire, la puissance est la première des qualités revendiquées par les amateurs de ballon rond.

Les lions

Pour le sport roi en Afrique, pas étonnant que le « roi des animaux « soit le plus fréquemment convoqué par les sélections. Incarnant souvent dans les contes, notamment peuls, le père ou la mère du héros, voire l’ami protecteur, le lion est un animal qui occupe une place culturelle de choix. Au Cameroun, l’équipe nationale s’est surnommée « Les Lions indomptables« . Ce sera les « Lions de la Teranga « au Sénégal, où avant la colonisation le même félin symbolisait le pouvoir, comme dans de nombreuses sociétés africaines. À tel point que dans les deux pays précités, le prédateur s’est peu à peu imposé comme l’animal emblématique de l’État. Et au Maroc, la réapparition inattendue des Lions de l’Atlas dans les années 70 a certainement contribué à ce qu’ils donnent aussi leur nom à l’équipe nationale. Sans même parler du fait qu’il figure sur les armoiries de la monarchie chérifienne.

Les éléphants

Steve Parsons/AP/SIPA

C’est de loin le plus massif des mammifères terrestres. Historiquement présent depuis des temps immémoriaux en Côte d’Ivoire, l’éléphant est associé à la genèse du pays.  En Guinée aussi, l’équipe nationale est appelée « Sily« , qui désigne l’éléphant en langue soussou (ethnie localisée dans la région de la Basse-Côte du pays). Ici, il faut chercher l’origine de ce nom dans la première République : il s’agissait du symbole du président Sekou Touré, qu’on appelait également Ba Sily (papa éléphant). L’animal avait même donné son nom à l’ancienne monnaie.

Les Léopards

Sarah Crosby/AP/SIPA

On dit des joueurs de la République démocratique du Congo, connus sous le nom de « Léopards« , qu’ils ont voulu s’identifier aux armoiries de leur pays (composées notamment d’une tête de ce félin au centre). Le léopard « symbolise le pouvoir et la force protectrice », explique-t-on dans les rues de Kinshasa.

Néanmoins, de 1997 à 2006, la sélection congolaise avait pris le nom de « Simba « (« lion « en swahili). Une période qui coïncide à peu près au régime de Laurent-Désiré Kabila, qui était swahiliphone. Ce dernier avait entrepris plusieurs changements dont celui du nom du pays en « Congo « en lieu et place de « Zaïre ».

Les Panthères

Maya Hitij/AP/SIPA

Au Gabon, le nom de « Panthères « a été donné aux joueurs de la sélection pour remplacer celui de « Azingo ». En langue Myené (un dialecte bantou au Gabon), ce terme désigne le malheur. À l’origine, l’équipe voulait ainsi signifier à ses adversaires qu’elle présageait de leur déconfiture. Mais cette appellation, loin de faire l’unanimité et après de nombreuses défaites, a été modifiée par superstition. Le choix s’est naturellement porté sur la panthère noire, qui est un animal très craint des forêts gabonaises.

Les étalons

Alexandra Mlejnkova/AP/SIPA

Les joueurs de l’équipe nationale du Burkina Faso sont surnommés les Étalons en référence aux armoiries du pays et la légende des Mossis, ethnie majoritaire du pays, dont l’histoire est liée à cet animal. Selon la tradition orale, une princesse amazone venue du Dagomba (actuelle Ghana) fut conduite par sa monture, un bel étalon blanc, hors de son royaume et égarée en pleine brousse. Son chemin croisa celui d’un prince-chasseur avec qui elle aura un enfant qu’ils baptiseront Ouédraogo ( « cheval mâle « en langue mooré), en l’honneur de l’étalon qui permit leur rencontre. Ouédraogo sera le fondateur du premier royaume mossi situé dans le centre-est du Burkina.

Parce qu’ils sont malins et habiles (et parfois venimeux)

@Mark Dumont/Flickr

Le Fennec est un petit renard de la famille des canidés dont l’habitat naturel est le Sahara. L’équipe nationale de l’Algérie, très répandu en et protégé par la loi, a décidé d’en faire sa mascotte. C’est un totem puissant, notamment pour les habitants du sud de l’Algérie. Il a une fonction protectrice et reflète l’ancrage saharien des Algériens.

Au Bénin, Norbert Imbs, le premier président de la Fédération de football, est celui qui décide d’octroyer aux joueurs le surnom des « Écureuils« . Il trouve que ceux-ci sont certes de petite corpulence mais dégourdis et habiles et rapides.

Autre pays, autres m&oeligurs. Au Mozambique, l’équipe nationale s’appelle « Os Mambas « (les mambas). Outre son aspect parfois redoutable, le serpent incarne souvent l’énergie et la fécondité dans de nombreuses sociétés dites bantoues.  

En Gambie, ce sont « Les Scorpions « qui défendent les couleurs nationales sur la pelouse. Ces derniers revêtent un symbole de combativité. Ils sont à la fois vénéneux, malins et prudents. Des caractéristiques dont les joueurs se réclament.

Parce qu’ils dominent les airs

@Joris Guittonneau/Flickr

Endurants, vifs, regard perçant, griffes et becs acérés laissant présager une défense impénétrable, les oiseaux se sont aussi fait une place de choix dans le c&oeligur des supporteurs africains.  À Bamako dans les années 60, l’entraîneur de la sélection nationale, qui était allemand, avait obtenu pour ses joueurs des maillots venus d’Allemagne avec sur le dos le dessin d’un aigle, l’emblème de la sélection nationale allemande. Les journalistes sportifs voyant cet aigle au dos des joueurs avaient donc commencé à appeler l’équipe « Les Aigles du Mali« .

Dans le même ordre d’idée, les Nigérians ont choisi d’appeler leurs footballeurs les « Black Eagles « et les Togolais « Les Éperviers ».  Au Burundi cependant, on parle des « Hirondelles « pour qualifier l’équipe nationale. Ici, c’est l’extraordinaire vélocité de projection dans l’espace de cet oiseau migrateur qui est soulignée.

Et les autres ?

Jens Meyer/AP/SIPA

Il faut se garder de généraliser à outrance. Même si la tendance est aux animaux, ce n’est pas le cas partout en Afrique. En Égypte, par exemple, l’équipe nationale a été baptisée « les Pharaons« , personnages royaux fondateurs de l’identité et de la fierté des Égyptiens.

En Afrique du Sud, les « Bafana Bafana « désignent les joueurs de l’équipe nationale de football. Jusqu’à 1994, toutes les équipes d’Afrique du Sud étaient surnommées « springboks « (une gazelle typique d’Afrique du Sud).  L’actuel nom des footballeurs sud-africains trouverait son origine dans la presse sportive locale : il signifie « les garçons « en xhosa, une langue d’Afrique australe très parlée dans le pays.

Enfin au Ghana, l’équipe des « Black Stars « (les Étoiles noires) a choisi de s’inspirer des couleurs nationales (comme en RD Congo ou au Maroc), constituées en l’occurrence de trois bandes horizontales rouge, jaune et verte, et incrustées d’une étoile noire en leur centre.

DR