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À la tête de LaLiga depuis avril 2013, Javier Tebas a révolutionné le football espagnol au niveau des clubs, en imposant une série de lois et en faisant la promotion de LaLiga partout dans le monde.

Sous ses ordres, les clubs de LaLiga ont remporté 14 des 15 titres en jeu en Europe. L’avocat de 55 ans, né au Costa Rica, voit d’un très bon œil le fait de disputer le match de la Supercoupe au Maroc, où LaLiga compte d’innombrables aficionados. De la Supercoupe au Ballon d’Or, en passant par les relations avec la Fédération espagnole, Tebas se livre au «Matin »dans cet entretien exclusif.   Le Matin : La Supercoupe d’Espagne se joue le 12 août prochain à Tanger. Comment voyez-vous cette décision historique de jouer une compétition espagnole à l’étranger ? Javier Tebas : Ça me paraît très bien. Il fallait trouver une solution et celle-ci me plaît. Pour LaLiga, c’est très important que deux clubs aussi grands (le Barça et Séville, ndlr) jouent la Supercoupe à Tanger et nous allons en profiter pour faire la promotion de LaLiga au Maroc, où nous avons beaucoup de supporters très passionnés. Une Supercoupe jouée en match unique s’impose de plus en plus, comme en Italie par exemple. Ce format vous paraît-il plus opportun, sachant que c’est une compétition de la RFEF (la Fédération espagnole) ?Je pense qu’en cette occasion, c’est la meilleure décision pour toutes les parties qui a été prise. À 14 km de distance, les Marocains sont un peuple passionné de football, encore plus de celui pratiqué en Espagne.   Comment se fait la promotion de LaLiga dans notre pays ? Par l’intermédiaire des deux clubs (Séville FC et FC Barcelone) et de la RFEF. Nous nous rapprocherons des supporters à Tanger, des heures avant le match pour qu’ils sachent quel est notre objectif comme produit de divertissement global. Le 24 juillet dernier, LaLiga et la RFEF ont annoncé le calendrier du championnat espagnol, qui se disputera pour la première fois d’une manière asymétrique.   Quelles sont les motivations de cette décision historique ?Le calendrier asymétrique existe déjà depuis plusieurs saisons en Premier League (Angleterre) ou en Ligue 1 (France). Cette saison, il a été décidé d’établir un calendrier pareil pour pouvoir remplir quelques conditions, comme la sécurité – il est impossible que deux grands clubs jouent le même jour dans la même ville –, ou pour ajuster les dates du calendrier de LaLiga avec les dates de l’UEFA (Ligue des champions et Europa League), pour les festivités et autres activités des clubs, comme les concerts ou les matchs organisés dans leurs stades, etc. Les premiers mois de Luis Rubiales en tant que président de la RFEF (Real Federacion española de futbol) ont été très animés (Lopetegui, Supercoupe…).   Comment voyez-vous ce changement et comment cela va-t-il impacter vos relations avec l’instance footballistique suprême en Espagne ?Je l’ai déjà dit après l’assemblée de la RFEF (tenue le 24 juillet à Madrid, ndlr), on note que des changements sont faits dans le bon sens. Nous pouvons avoir nos différences, mais nous sommes deux institutions majeures qui doivent s’entendre pour le bien du football.   La FIFA a récemment dévoilé les noms des footballeurs nommés au prix «The Best». Parmi eux figurent beaucoup de joueurs de LaLiga. Comment font les clubs espagnols pour attirer autant de talent, avec la concurrence acharnée des autres championnats (Premier League, Ligue 1, Superleague chinoise…) ? Historiquement, les meilleurs joueurs du monde ont toujours joué à LaLiga, depuis Di Stefano jusqu’à aujourd’hui. Les meilleurs au monde jouent dans le meilleur Championnat du monde, dans des clubs qui gagnent des titres européens, qui ont apporté le plus de joueurs décisifs lors de la dernière Coupe du monde et donc qui apparaissent dans les prix individuels de la FIFA et de l’UEFA.   Nous ne nous rappelons pas un joueur de la Premier League qui soit au minimum candidat dans l’une de ces listes, depuis que Michael Owen a gagné le Ballon d’Or. LaLiga exporte le talent à d’autres championnats, comme ce qu’il s’est passé récemment avec Andres Iniesta ou Fernando Torres, qui ont signé dans des clubs du championnat japonais.   Il y a plus d’une dizaine de joueurs marocains qui jouent en Espagne (LaLiga Santander et LaLiga 123) et leur nombre augmente d’année en année. Comment voyez-vous le football marocain en général et les footballeurs marocains dans LaLiga en particulier ? La saison dernière, nous avions 8 joueurs marocains qui évoluaient en Liga. Six d’entre eux ont été convoqués avec la sélection du Maroc en Coupe du monde en Russie. Cela veut dire qu’ils sont considérés comme une référence, parce qu’ils jouent dans LaLiga. Pour parler des joueurs arabes dans notre championnat, on peut citer les joueurs marocains et algériens qui sont aujourd’hui des références dans l’industrie du football professionnel dans le monde arabe. ———————————————————————— Quatre mesures historiques prises par Javier TebasDroits TVAvocat émérite, Tebas est initialement connu dans le monde du football pour avoir été une figure du mouvement «G-30», regroupant les clubs qui se sentent lésés par la redistribution des droits TV, largement favorables aux deux géants : Barça et Real. En avril 2015, le Conseil des ministres espagnol approuve un décret-loi qui centralise la vente des droits TV. Depuis, c’est LaLiga qui se charge du marketing et de la redistribution, en plus de la vente. Violence dans les stadesAprès la mort en 2014 d’un membre d’un groupe Ultra du Deportivo La Corogne, lors d’un déplacement à Madrid où les Galiciens affrontaient l’Atletico, l’Espagne est sous le choc. Tebas réagit vigoureusement en annonçant une série de nouvelles mesures. Des modifications sont apportées à la loi contre la violence dans le sport, permettant notamment la fermeture partielle des virages. Malgré un nombre très réduit d’incidents lors des matchs de LaLiga, Tebas a appelé à ne pas baisser la garde lors d’une conférence tenue cette semaine. «Nous sommes responsables depuis que le supporter sort de sa maison pour aller voir un match, jusqu’à son retour», a-t-il lancé. Lutte contre les matchs truquésQuelques semaines avant son élection, Javier Tebas dénonce ouvertement le trucage de matchs en Espagne. En septembre 2014, le procureur anticorruption espagnol ouvre, pour la première fois de l’histoire du pays, une enquête sur le trucage présumé d’un match de football entre Levante et le Real Saragosse. En juillet dernier, le procureur de Valence réclame 2 ans de prison à l’encontre des 36 joueurs impliqués dans l’affaire qui remonte à 2011. Contrôle économiqueÀ son élection à la tête de LaLiga en 2013, Javier Tebas impose plusieurs mesures visant à réduire la dette colossale des clubs espagnols, à travers notamment le cap salarial. En 2017, les dettes des clubs professionnels espagnols envers le Fisc sont réduites de 71% et les recettes globales augmentent de 48%.