Le défenseur du Stade de Reims raconte au Figaro sa nouvelle vie de footballeur bloqué à la maison.

A quoi ressemble votre quotidien depuis le début de confinement ?
Yunis Abdelhamid : Disons que les journées sont tranquilles (sourire). On ne sort plus du tout, à part dans le jardin pour jouer avec les enfants.

J’ai un garçon de 4 ans et demi et une fille de deux ans. Ils ont besoin de se dépenser. Nous avons la chance d’avoir un grand jardin, je peux jouer au ballon avec le grand. A l’intérieur, on essaie de varier les activités.

Ma femme et moi aidons notre fils à suivre le programme scolaire que son maître nous a envoyé. Là, il m’attend pour faire un puzzle Spiderman.

On imagine que vous vous entretenez aussi physiquement à défaut de pouvoir jouer et vous entraîner…
Oui. Pour s’occuper, se défouler mais aussi par nécessité.

Quand vous passez ne serait-ce qu’une semaine sans rien faire, c’est déjà compliqué de reprendre derrière. Alors si le confinement dure…. Je le fais sans m’épuiser, avec des petites séances qui me permettent de garder la forme et taper un peu dans le cardio.

Concrètement en quoi consiste votre journée de «travail» ?
Je fais une petite heure le matin, et entre une heure et une heure et demie l’après-midi. Un ami qui possède une salle de cross-fit m’envoie des programmes à faire le matin. Aujourd’hui, c’était rameur, burpees et squats. L’après-midi, j’effectue la séance que le préparateur physique du club nous a envoyée.

Par exemple boxe, corde ondulatoire et vélo. Nous avons un groupe WhatsApp avec les préparateurs physiques et les kinés. Ils sont aux aguets et réactifs si on a besoin d’eux.

Avez-vous des comptes à leur rendre sur le travail effectué ?
Non, c’est la responsabilité de chacun. On se doit de rester en forme pour être prêt pour la reprise. C’est une situation inconnue et inédite. La principale crainte, c’est que ça dure des semaines et des semaines. Pour l’instant on est dans l’inconnu.

 

Vous étiez suffisamment équipé à la maison ?
J’ai ma petite salle de sport à la maison oui et j’avais déjà la plupart du matériel. J’avais prévu d’acheter un rameur et un tapis de course la semaine dernière, avant même le confinement.

C’est tombé «pile-poil». Par contre, je suis parti chercher un vélo en catastrophe mardi dernier en région parisienne avant que tout ferme. Je voulais ce modèle car c’est le même qu’on a au centre d’entrainement. Je veux conserver mes habitudes.

Faites-vous plus attention à ce que vous mangez puisque vous vous dépensez moins ?
Non car j’avais déjà pour habitude de faire attention.

On ne peut pas aller au fast food évidemment mai on essaie quand même de se faire plaisir avec un petit bonbon ou un carré de chocolat de temps en temps.

Avant l’arrêt de la saison, vous restiez sur 66 matches consécutifs en Ligue 1 (3e meilleur série de l’histoire pour un joueur de champ). Quel est votre secret ?
Il n’y en a pas. J’ai toujours aimé travailler et apprendre dans tous les domaines (ndlr, il est titulaire d’un Masters en finances).

A Reims, la cellule performance m’a donné le goût de l’effort et de la recherche en termes de performances. J’essaie de me connaître, trouver ce qui peut m’aider dans l’alimentation ou dans la récupération.

J’ai du matériel spécifique pour faire mes étirements à la maison. Je suis dans cet état d’esprit là, je ne me fixe pas de limite. Je cherche toujours à m’améliorer, à être le plus en forme possible et le meilleur possible pour mon équipe.

J’espère que je continuerai sur ma lancée quand tout reviendra à la normale. Je me prépare pour être prêt.

Le ballon et la compétition vous manquent-ils ?
Oui bien sûr, je suis déjà en manque de ballon, d’entraînement, de match. Notre dernière séance collective remonte est déjà loin (13 mars).

On est déphasé, avec cette impression que c’est tous les jours dimanche, ces lendemains de match où on se repose à la maison en famille. Etre privé de compétition du jour au lendemain, c’est difficile à gérer.

Quand ce sont les vacances, on y est préparé, on les attend même. Mais là, nous étions en pleine saison, on enchaînait les matches. Mais il faut s’y faire car ce n’est sans doute encore que le début. Restons à la maison, relativisons et profitons des instants passés avec la famille.