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Deux ans après avoir annoncé sa retraite internationale, Yaya Touré pourrait faire son grand retour avec la sélection ivoirienne. Il vient, deux ans après avoir fait ses adieux aux Eléphants, d’exprimer le vœu de réintégrer la sélection de Côte d’Ivoire.

Dans quel état d’esprit vous vous trouvez aujourd’hui, après l’élimination des Eléphants du Mondial 2018 ? C’est vraiment dommage de voir qu’on ne pourra pas être de la fête en Russie. C’est peut-être un gros manque à gagner pour notre football. C’est une génération de jeunes joueurs. Il ne faut pas pour autant brûler nos jeunes footballeurs. On peut considérer que c’est un accident de parcours qui doit nous remettre totalement en cause et chercher de nouvelles solutions pour repartir sur de bonnes bases. Avec du recul, je peux affirmer que la Côte d’Ivoire est passée à côté d’un exploit qui pouvait nous permettre de participer pour la quatrième fois consécutive à une phase finale de Coupe du monde. En même temps, il ne faut pas rejeter tout en bloc, surtout que nous avons de très bons joueurs en activité et aussi de la bonne graine. Ce n’est pas de ma nature de baisser les bras. C’est pourquoi, j’invite tous les sportifs ivoiriens à trouver ensemble des solutions pour rebondir. Concrètement, comment vivez-vous de loin, cette élimination ? Je vais être franc. J’avais personnellement des doutes avant le match. Je pense que nous avons perdu beaucoup de points lors des matchs précédents. Il y a eu le faux-pas devant le Gabon. Ensuite, celui livré face au Mali que n’avons pas su négocier. On avait des concours de circonstances malheureux dus aux blessures de certains joueurs. Et après, il y avait tout le stress qu’il fallait gérer avant le match contre le Maroc. Je pense qu’autour d’Hervé Renard, les joueurs marocains ont su gérer la partie. J’ai été peiné. Mais, la Côte d’Ivoire ne tardera pas à rebondir. Notre football peut toujours revenir à la hauteur. Nombre d’observateurs pensent que votre retraite internationale a été un handicap pour le groupe. Pensez-vous vous que vous n’avez pas été valablement remplacé au poste de milieu de terrain ? Je ne vois pas les choses sous cet angle. Chaque époque à ses talents. Nous avons eu la chance d’avoir une génération de joueurs talentueux. Il n’est pas facile de remplacer un groupe de joueurs qui a travaillé d’arrache-pied pendant une bonne dizaine d’années. Mais, nous sommes arrivés à une fin de cycle. Il faut procéder par une transition en douceur. Je reste convaincu que la Côte d’Ivoire va rebondir. Il faudra, pour cela qu’on se serre les coudes. Pendant ce temps, votre manager pense que vous pouvez toujours revêtir le maillot de la sélection nationale… Je suis un footballeur qui est toujours en activité. J’avais aussi besoin de prendre du recul et de souffler un peu après avoir remporté avec mes coéquipiers la Can 2015. J’avais besoin d’une période sabbatique pour recadrer un peu ma vie professionnelle. J’ai quand même passé quatorze années de haut niveau depuis les sélections nationales des jeunes jusqu’à la sélection A. J’avais personnellement estimé que je devais remettre à plat beaucoup de choses. J’ai pratiquement 35 ans aujourd’hui. Mais, je peux toujours apporter mon expérience aux plus jeunes. Ils ont besoin de conseils, d’encadrement adéquat, de confiance. Soyez plus explicite. Si je suis sollicité pour apporter mon concours à la réussite de l’équipe nationale et du football ivoirien, je serai disponible et on en discutera. Messi avait quasiment annoncé sa retraite internationale. Et après, il est revenu sur sa décision à la suite des interventions des autorités argentines. Zidane avait eu presque le même cas en France. C’est d’ailleurs face à la Côte d’Ivoire, en amical, qu’il était revenu pour le Mondial 2006. Mais, on pourra toujours en discuter. Je pense que mes jeunes frères et coéquipiers ont besoin de soutiens et de conseils. Les dirigeants fédéraux continuent de vous réclamer. Je pense que cela fait partie d’un contexte beaucoup plus général. On voit par exemple Kolo Touré qui est mis sur la sellette. Je pense très sincèrement que la Fédération doit continuer à faire confiance à tous les anciens. Il y a un travail de fond qui doit être fait. Le football ivoirien reste à un niveau très respectable. Il doit continuer ainsi. Nous avons pu remporter la Can en 1992. Il y eu cette Can en 2015. Et on ne le souligne pas assez. Nos jeunes frères ont remporté le trophée de la Can des cadets en 2013. On peut donc comprendre qu’il faut continuer à travailler pour glaner des lauriers. Yaya Touré peut-il encre être utile aux Eléphants ? Je vois que le sujet peut être important. Ce qui est normal, c’est le fait que je reste toujours en activité. À l’époque, lorsque je voulais arrêter une première fois, ce sont mes proches et même des autorités qui me l’ont déconseillé. Mais, je pense qu’il faut aller plus loin dans la réflexion car le football ivoirien a besoin de toutes ses forces. Il faut fédérer nos efforts. Je voudrais tout simplement encourager les uns et les autres à regarder l’intérêt du football national. Je le dis parce qu’il y a des projets de développement du football des jeunes et des filles aussi qui existent déjà et qui sont à parfaire. Je pense que notre Fédération doit continuer à aller dans ce sens. Je pense que nous autres footballeurs devons plus que jamais faciliter, grâce à notre statut et notre réputation, la recherche de partenariats. Aujourd’hui, le principal débat qui devrait être posé est celui des infrastructures, des centres de formation pour une meilleure organisation. Cela n’est pas à négocier. C’est un passage obligé pour nous tous. Nous avons beaucoup d’enjeux. Il y a même la Can 2021 à organiser. En Europe, la construction des stades est, en partie, pris en charge par les entreprises. C’est le cas de l’Allianz Arena à Munich, l’Emirate stadium en Angleterre et bien d’autres infrastructures. Pourquoi ne pas copier et l’adapter à nos réalités africaines. Croyez-vous en l’avenir de l’équipe nationale ivoirienne ? Il y a les éliminatoires de la Can 2019 dans le courant de l’année 2018. Nous avons perdu la première journée face à la Guinée. Il y a du chemin à faire. Tout est une question de réorganisation et d’envie. Je pense qu’il faut déjà commencer la reconstruction de l’équipe. Je pense m’y investir et apporter aussi mes idées. Cela doit être un vrai travail d’équipe. Il nous faut redéfinir une vraie stratégie. Je reste convaincu qu’il y a beaucoup choses à développer. Lesquelles par exemple ? Moi, je suis sorti du moule de la formation. On ne peut rien réussir si nous n’avons pas une base solide et une bonne formation des jeunes. C’est ce qui va garantir à nouveau de meilleurs résultats dans les cinq et même dix années à venir. Nous avons réussi à l’époque et cela veut dire qu’on doit comprendre qu’il faut renforcer tous les aspects de la formation. Pensez-vous que la Fédération a bien fait de faire revenir Jean Marc Guillou pour s’occuper de la formation ? Il peut toujours apporter au football ivoirien. Nous l’avons connu à l’Académie Mimos Sifcom. C’est un travailleur. Son credo, c’est la formation. Partout où il est passé, il a toujours su imprimer sa marque. Avec notre génération en Côte d’Ivoire, mais également au Mali où il a continué. Et les résultats sont probants. Quel type d’entraîneur pensez-vous que la Côte d’Ivoire doit-elle avoir désormais ? À l’époque, nous avons voulu avoir Hervé Renard et nous sommes allés le chercher. Je pense qu’il faut au préalable définir le profil. Je pense que la Côte d’Ivoire a connu en dix ans plusieurs entraîneurs. Il nous faut un entraîneur beaucoup plus rigoureux et qui connaît nos réalités, toutes celles de nos joueurs et de leur environnement.