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Ambassadeur du football marocain, ballon d’or africain 1998, milieu de terrain emblématique des Lions de l’Atlas avec lesquels il a joué près de neuf années, dont deux Coupes du monde, passages dans plusieurs clubs européens.  On ne présente plus Mustapha Hadji qui a vécu, cet été 2018, sa première compétition mondiale de football sur le banc en tant que technicien et adjoint du sélectionneur Hervé Renard.

Depuis la fin de l’aventure marocaine en Russie, son nom a souvent fait les titres de la presse nationale et internationale. Certains lui prêtent des relations tendues avec Hervé Renard, le capitaine des Lions de l’Atlas, Medhi Benatia, ou encore la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), d’autres évoquent aussi son départ du staff technique. Discret dans les médias, il livre au HuffPost Maroc ses impressions suite au Mondial 2018 et revient sur les polémiques qui ont ébranlé l’équipe nationale après un parcours controversé dans la compétition. HuffPost Maroc: Quelle lecture faites-vous de cette cinquième participation du Maroc en Coupe du monde? En tant que coach adjoint, comment analysez-vous le parcours des Lions de l’Atlas?Mustapha Hadji: C’était une superbe aventure, avec les camarades du staff et avec les joueurs qui ont été magnifiques. Certes on s’attend toujours à faire mieux, surtout quand on est passionné par ce sport et qu’on aime son pays. On cherche à le représenter au mieux, on attend beaucoup de tout le monde mais nous ne sommes pas parfaits et notre parcours ne l’a pas été non plus. On espère tout de même, à l’avenir, ne pas reproduire les erreurs faites pour cette phase de poules. En tant que coach, ce Mondial m’a permis de toucher le plus haut niveau donc effectivement, j’ai beaucoup appris sur le banc en tant qu’entraîneur adjoint, j’ai progressé sur certains points à un haut niveau, il n’y a pas mieux comme expérience. La VAR (Video Assistant Referee, ou assistance vidéo à l’arbitrage) a été très critiquée depuis le début du Mondial. Pensez-vous que le système d’arbitrage a été injuste envers le Maroc?Vous dire le contraire reviendrait à vous mentir. Des erreurs d’arbitrage arrivent au quotidien, on peut en faire une ou deux mais pour notre part, ça a été une succession d’erreurs qui ont été fatales et dramatiques pour l’équipe. À un moment donné, on se pose la question et on se demande si la VAR est vraiment une bonne chose. Je pense que ce n’était pas le bon moment de mettre en place ce système pour la première fois, dans le contexte d’une grosse compétition. Ça a fragilisé l’arbitrage de plusieurs matchs, pour plusieurs équipes. Au final, on a l’impression aujourd’hui d’avoir été défavorisés par la VAR. Quels sont les recours à proposer pour assurer désormais des matchs plus justes et équitables?L’arbitrage vidéo en soi est une bonne idée, mais il faut que ce soit à la vue de tous. Il faudrait que ce soit comme au tennis, que l’image ne soit pas visionnée que par les gens derrière leur écran mais aussi par le public, les supporters dans les tribunes, à la télévision, sur tous les grands écrans dans les stades. Pendant cette compétition, nous avons eu l’impression que nous, les Africains, étions désavantagés par la VAR et malheureusement, cela s’est avéré vrai. Si la FIFA veut faire aujourd’hui quelque chose de correct et fairplay, elle doit accepter qu’une équipe puisse demander la VAR lorsqu’il y a une erreur d’arbitrage bien trop flagrante et que la faute soit montrée à tout le monde. La FIFA a récemment condamné la FRMF à une amende de plus de 600. 000 DH pour mauvaises conduites des joueurs, du staff et des supporters à l’issue du match contre l’Espagne. Que pensez-vous de cette sanction?C’est une sanction lourde et surtout injuste, notamment lorsqu’on se fait voler une opportunité de se qualifier. On aime notre équipe, notre pays, mais là, on a l’impression que tout le monde est contre nous, qu’il y a un acharnement. Il est tout à fait normal d’exprimer de la révolte. La réaction de Nordin Amrabat (“VAR is bullshit”, ndlr) n’est pas abusive après tout ce qu’il y a pu avoir comme injustices lors des deux derniers matchs face au Portugal et à l’Espagne. C’est bien de sanctionner des comportements disproportionnés, mais ça n’a pas été notre cas. Nous sommes humains: lorsqu’on ressent de la frustration, on réagit. Et blâmer les supporters marocains alors qu’ils ont été magnifiques, c’est n’importe quoi. Ils ont été les stars de ce Mondial de par leur comportement durant les trois matchs. Ce ne sont pas des voyous, ni des hooligans, mais des gens qui aiment le football avec passion et qui ont ressenti une injustice. Ils n’ont jamais été agressifs mais au contraire exemplaires. Donc du côté des dirigeants, on se pose des questions sur cette sanction. Certes la discipline est importante dans le milieu du football, mais lorsqu’on impose des règles et des lois, il faut d’abord commencer par les respecter soi-même. La FRMF va-t-elle contester cette sanction?Je ne suis pas le patron (rires). Il faut poser la question à Mr Lekjaa, mais nous sommes en mesure et en droit de contester. Je me répète peut-être, mais à un moment donné, c’est beaucoup trop d’accumulation de fautes à notre égard. C’est dramatique car si les règles avaient vraiment été appliquées et si on avait pu avoir accès à l’arbitrage vidéo, nous serions sans doute passé au second tour du Mondial. Ce n’est pas le football qui nous a éliminés, mais la VAR. La FIFA, toujours, a vivement critiqué le retour d’Amrabat dans la compétition après sa commotion cérébrale. Comment la décision de le faire jouer a-t-elle été prise?Tout d’abord, nous avons respecté le temps de repos imposé. Nordin est resté 24 heures sous surveillance, suivi de deux jours de repos. De plus, nous avons un médecin très compétent, il sait ce qu’il fait et connait son métier. Aujourd’hui, ce que je répond à la FIFA, c’est que Nordin Amrabat a été le meilleur joueur des 22 sur les deux derniers matchs. Il a été fabuleux face au Portugal et à l’Espagne, c’est un garçon qui a la tête sur les épaules, qui est très motivé et qui voulait faire honneur à son pays et le défendre coûte que coûte. Dès sa sortie de l’hôpital, il avait fait part de sa motivation et de son envie de jouer les deux matchs suivants. Nous n’aurions jamais pris le risque de le faire jouer si sa santé et sa vie étaient gravement en danger. Il a une famille, des enfants, nous ne sommes ni des irresponsables, ni un staff d’amateurs. Qui visait Medhi Benatia dans sa déclaration aux médias à l’issue du match Maroc-Portugal? Certains observateurs parlent d’un message qui vous aurait été adressé. Le confirmez-vous?Toute une polémique qui n’a pas lieu d’être a été faite autour de cette déclaration de Medhi Benatia sur la défaite contre l’Iran, je ne veux pas trop m’attarder dessus. Nous sommes une équipe, une famille et Medhi est un petit frère. Après des défaites, on peut s’emporter, avoir des déclarations à chaud, mais les garçons ont toujours bien réagi après les matchs car ils ont donné le meilleur face à l’Espagne et au Portugal. Les réactions et leurs états d’âmes importent peu finalement. Ce qui compte, c’est qu’ils ont procuré du bonheur à tout un peuple, à des supporters venus de partout, pour ce retour dans le Mondial. Hervé Renard a essuyé d’un revers de main les rumeurs de départ de l’équipe nationale. Qu’en est-il de vos relations avec lui ?Lui seul pouvait dire s’il resterait ou pas et parler en son nom. Il n’y a pas de problèmes entre le sélectionneur et moi. Il a fait beaucoup pour l’équipe. Nous aimerions tous qu’il y reste, il y a sa place. Après une carrière de joueur et de coach adjoint, est-ce que vous vous imaginez un jour à la tête de la sélection nationale ?(Rires) Vous allez un peu vite en besogne. Pour le moment, je suis dans une position où j’apporte mon expérience d’ancien joueur international. J’apprends énormément de choses à ce poste, et si un jour l’opportunité d’accéder à cette fonction m’est donnée, je serais certainement l’homme le plus heureux du monde. Mais pour l’instant, ce n’est pas ma priorité.