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Le ministre de la Jeunesse et des sports a dévoilé mercredi le montant des investissements qui devront être alloués par le Maroc si sa candidature pour l’organisation de la Coupe du monde 2026 l’emporte.

Expert en construction et gestion de stades, Mehdi Sekkouri Alaoui décrypte pour nous les dessous du montant. Le ministre de la Jeunesse et des sports, Rachid Talbi Alami avait tenu mercredi une conférence informelle avec quelques journalistes à Rabat. Au cœur des discussions : un point sur les programmes de son ministère, la place du RNI dans l’alliance gouvernementale mais aussi quelques scoops sur le dossier de candidature du Maroc pour la coupe du monde 2026. Une sortie peu appréciéeUne sortie médiatique menée « sans la moindre concertation » avec le comité en charge du dossier selon l’édition du 9 février du quotidien Al Massae. Le média rapporte que les « informations divulguées » par Talbi Alami n’étaient pas du gout de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie et président du comité de candidature marocain à l’organisation du Mondial 2026. « Les chiffres présentés lors de sa conférence seraient erronés, notamment ceux liés aux coûts des nouveaux stades » assure Al Massae faisant notamment référence aux 10 milliards de dirhams mentionnés par le ministre de la Jeunesse et des sports concernant le coût des travaux d’aménagement et de construction des stades pour la Coupe du monde. Le ministre avait également affirmé que « ce montant est tout à fait supportable par le budget général de l’Etat ». Et au responsable gouvernemental, également membre Comité national de candidature à l’organisation de la Coupe du monde 2026, d’ajouter que le dossier de candidature devant être déposé avant le 16 mars prochain à la FIFA prévoit la mobilisation de cette enveloppe dans 12 villes marocaines. Il s’agit de Casablanca et Marrakech qui devraient abriter chacune deux stades en plus de Rabat, Tanger, Tétouan, Nador, Oujda, Fès, Meknès, El Jadida, Agadir et Ouarzazate. 12 stades et… 48 complexes sportifsAfin d’évaluer la pertinence de ce coût, Telquel. ma a interrogé Mehdi Sekkouri Alaoui, expert en construction et en gestion de stades qui estime que ce coût « pourrait s’avérer correct si l’on négocie pour une grande quantité de stades ». Notre interlocuteur insiste sur le fait qu’un tel montant ne peut concerner que ce qui touche aux infrastructures sportives car « le cout global pour accueillir le Mondial reviendra beaucoup plus cher ». En ce sens, Mehdi Sekkouri Alaoui rappelle que chaque équipe devra disposer d’un stade d’entrainement. Autrement dit, qu’il faudrait aménager, en cas de désignation du Maroc comme pays hôte de l’événement planétaire, 48 complexes sportifs aux profits des mondialistes. « Si l’on compte les stades, celui de Casablanca doit accueillir près de 90 000 places et va coûter pas moins de 3 milliards de DH ce qui est le tiers du montant annoncé par le ministre » souligne Sekkouri Alaoui. Le fondateur du Salon international du sport et des loisirs précise que qu’en règle générale, tel est le prix de construction pour une capacité entre 80 000 et 90 000 places. Des arénes modulables comme option d’optimisation des coûts »Le deuxième stade prévu à Marrakech sera peut-être modulable mais il pourrait couter jusqu’à 1,5 milliard de dirhams » assure Sekkouri Alaoui, signalant qu’il reste à savoir quels coûts le ministre inclut dans son estimation. « C’est impossible que le coût global de l’organisation soit de seulement 10 milliards de DH », poursuit-il. De ce constat, le recours à des stades modulables semble être la solution à même d’optimiser les coûts de construction. « Ce qui est intéressant dans le dossier de candidature marocain c’est qu’il réfléchit à reprendre le modèle suivi à Londres où la plupart des infrastructures sportives ont été démontées suite aux JO de 2012 » avance Sekkouri Alaoui car depuis cette date, « les spécialistes mondiaux en la matière sont devenus capables de réaliser des prouesses techniques jusque là inimaginables ». Si l’on tient compte du chiffre avancé par Talbi Alami, ce choix peut également s’expliquer par des impératifs économiques. « En termes de coûts comparés, un stade modulable est moins cher qu’un stade ordinaire » indique notre interlocuteur. Qui plus est, « la durée des travaux est largement inférieure que dans les stades ordinaires. Un stade modulable requiert six mois de travaux pour un rendu identique » précise l’expert en construction et en gestion de stades. L’exemple espagnolToujours est-il que la combinaison entre les deux types de construction est recommandable d’après Sekkouri Alaoui. « Quand le ministre nous annonce qu’une petite ville comme Ouarzazate accueillera des matchs de 40 000 spectateur, il devient nécessaire de construire un stade de 20 000 places fixes et 20 000 places démontables  » avise-t-il. Pour l’expert , c’est également une affaire d’efficience des investissements exigés par la FIFA. « Les constructions qui vont être faites doivent être réfléchies et pensées à l’utilisation future pour ne pas refaire l’erreur de Marrakech et d’Agadir où on s’est lancé dans la construction de deux complexes de 45 000 places, constamment vides, alors que le Maroc n’est pas parvenu à accueillir le Mondial 2010 » prévient-t-il. Partant du principe que les infrastructures qui vont être construites, en cas de désignation du Maroc comme pays hôte, vont servir au quotidien, l’expert précise que les expériences des pays ayant organisé la Coupe du monde sont riches en enseignement. « Beaucoup d’analystes prennent le cas du Brésil mais l’exemple d’essor économique le plus parlant provient de l’Espagne » souligne-t-il. Organisatrice de l’édition 1982 puis des de JO 1992 à Barcelone, le voisin ibérique a en effet profité des deux événements sportifs pour remettre à niveau ses infrastructures de base.