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A 52 ans, le technicien Marocain, Rachid Chihab, vient de vivre une saison riche en émotions, marquée notamment par une montée en première division belge avec le club de Mouscron.

En l’espace de 6 mois, l’entraineur franco-marocain a su rapidement imposé son style. Alors qu’il est en pleine préparation pour la prochaine saison, Monsieur Chihab a bien voulu répondre aux questions de notre correspondant, Youness Fahid parti à sa rencontre.

Youness Fahid pour LDA : Bonjour Monsieur Chihab, avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter ?

R. C : Je m’appelle Rachid Chihab, j’ai 52 ans je suis marié et j’ai 2 enfants. Je suis issu de l’immigration, mes parents sont arrivés dans les années 70 en France. Je suis arrivé ici à l’âge de 12 ans. J’ai donc fais un parcours de joueur dans le club d’Armentières, j’ai fini ma carrière de joueur au Losc en tant qu’amateur en 1993.

Suite à cela, j’ai commencé à m’occuper des jeunes du LOSC. J’étais au début un illustre inconnu et puis derrière, j’ai passé mes diplômes. J’ai gravi tous les échelons au niveau des jeunes. J’ai été champion de France avec les 15 ans nationaux, aussi avec les 18 ans.

En 2007, je suis passé responsable du centre de formation avec aussi la charge des 18ans nationaux. Enfin, j’ai pris les rênes de la CFA. Cette année, j’ai eu l’opportunité d’entrainer Mouscron et puis j’ai franchi le pas tout en gardant la responsabilité du centre de formation, ce fût une grande saison avec une montée en première division à la clé.

Comment avez-vous vécu ces 6 mois à la tête de Mouscron ?

En décembre, j’ai laissé la CFA en tête de son championnat, c’était une grande fierté pour moi. Et quelques jours plus tard je me suis laissé tenter par ce projet.

J’ai pris ce challenge très au sérieux, il a fallu une grande organisation dans le sens où je gère aussi le centre de formation. A ce poste, on est vite exposé à la pression : médias, supporters … car il y’a cette « obligation « de résultat. C’était l’avenir du club qui était en jeu. Ce que je retiens de cette expérience, c’est qu’il ne faut jamais renoncer.

Pour cette saison 2014-2015, vous nous confirmez bien que vous serrez l’entraineur de Mouscron et que vous resterez directeur du centre de formation du Losc …

R. C : Tout à fait. C’est un challenge intéressant qui s’annonce et je suis déterminé pour que les choses aillent dans le bon sens.

Comme vous l’avez dit, vous êtes directeur du centre de formation du Losc, il y’a un joueur marocain qui est passé entre vos mains c’est Adam Ennafati. Au Maroc il est vu comme un futur grand joueur, mais pour l’instant, il n’a fait aucune apparition avec l’équipe première.

R. C : Nous sommes d’accord, Adam est un joueur qui a beaucoup de talent et un gros potentiel. Ce qui s’est passé pour lui c’est que … comment dirais-je ? La vie d’immigré c’est quelque chose qui ne lui a pas facilité la tâche, au niveau du climat et surtout la distance avec sa famille. En tout cas, ce n’est pas un problème footballistique.

Il n’était peut-être pas encore prêt à assumer tout cela et je sais de quoi je parle, car je suis aussi issu de l’immigration. Je comprends les difficultés rencontrées par Adam. C’est juste un problème d’adaptation. Après, nous sommes d’accord sur le fait que c’est l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération.

Donc, son avenir est en pointillé avec le LOSC ?

R. C : Là, il est parti avec la sélection du Maroc, après il faut voir avec l’Académie. On peut faire tous les plans possibles, le plus important c’est Adam.

Pour vous, si on parle de la qualité de jeu, Adam aurait eu la possibilité de faire quelques apparitions avec l’équipe première ?

R. C : Il a le potentiel, c’est quelqu’un qui va vite et qui est capable d’éliminer, il fait des choses extraordinaires par moment avec le ballon. Malheureusement le talent ne suffit pas. Les capacités mentales sont aussi très importantes. La clé c’est Adam qui la détient.

En parlant d’Adam est ce qu’un club comme Lille possède une cellule de recrutement au Maroc et est-ce que Lille s’intéresse de très près a des joueurs marocains évoluant dans le championnat local ?

R. C : Oui bien sûr, nous avons une cellule d’observation sur l’ensemble du continent africain. Concernant le Maroc, nous avons un partenariat avec l’Académie Mohammed VI. C’est un vrai centre de formation de haut niveau.

Vous êtes-vous déjà rendu à l’Académie ?

R. C : Dans les semaines à venir, je compte me rendre à l’Académie. Nous sommes dans une relation constructive avec l’Académie, il y’a un vrai intérêt entre les deux structures.

Parlons maintenant du football marocain, est ce qu’il vous arrive de suivre le championnat local ?

R. C : J’étais un grand supporter du Chabab Mohammedia. J’ai grandi avec cette grande équipe qui comptait de grands joueurs comme Farras, ballon d’or Africain en 1976. Et à cette époque, le Maroc était l’une des plus grandes nations de football du continent Africain.

Concernant l’équipe nationale, suivez-vous les matchs des Lions de l’Atlas ?

R. C : Bien sûr, je suis surtout les matchs importants

Avec votre vision de technicien, comment peut-on expliquer que l’équipe du Maroc qui possède de bons joueurs, puisse être 78eme au classement FIFA ?

R. C : Vous savez, le plus dur c’est de former un collectif. On peut avoir une somme de talents mais après, est ce que l’alchimie va prendre ? c’est ce qu’il y’a de plus difficile. Et c’est d’autant plus difficile pour un sélectionneur qui a très peu de temps les joueurs en main. La sélection du Maroc ne manque pas de talent, tout peut aller très vite.

Est-il possible pour le Maroc d’être prêt pour la CAN qui arrive maintenant dans quelques mois ?

R. C : Je n’ai qu’un regard externe mais je sais que ce n’est pas aussi simple que cela. Il faut beaucoup d’énergie, beaucoup d’investissement. Après, il suffit d’un déclic pour que l’équipe se fédère. Une équipe peut aussi prendre naissance durant la compétition. Il suffit d’un résultat pour relancer la machine.

Et vous, à titre personnel, si un jour la fédération fait appel à vous, est ce que ce serait un challenge qui vous intéresserait ?

R. C : Aujourd’hui, je ne me suis pas encore posé cette question. Mais ce qui est sûr, c’est que je serai fier qu’on puisse me proposer quelque chose de ce genre.

Pour conclure, quel message pouvez-vous transmettre aux supporters marocains et aux internautes de Lions de l’atlas ?

R. C : Quoiqu’il arrive les marocains doivent rester derrière leur équipe. Dans les bons comme dans les mauvais moments. La sélection a besoin de tous les marocains pour réussir la CAN 2015. Je serai comme tous les marocains supporters de notre équipe nationale en Janvier 2015.