Nasser LArguet

Son travail est connu mais peu connaissent son parcours. Il s’agit de technicien marocain Nasser Larguet, actuel directeur technique de l’Olympique de Marseille. L’ancien DTN de la FRMF a accordé une longue interview à notre rédaction dans laquelle il revient sur son parcours, les faits marquants de sa carrière d’entraineur et sur ses projets.

Lions de l’Atlas : Dorénavant vous êtes plutôt connu des supporters mais pourriez vous malgré tout vous présenter succinctement pour ceux qui ne vous connaîtriez pas vraiment encore ?
Nasser Larguet : Je suis né au Maroc où j’ai étudié jusqu’a l’obtention du Baccalauréat, puis je suis venu étudier en France pour faire une licence en pharmacie et Microbiologie. Je me suis dirigé ensuite vers l’enseignement au collège ou j’ai été professeur de Mathématique, science naturelle et professeur d’éducation physique.

J’ai été joueur au PTT Cean à l’US Normande puis a Thury-Harcourt ou j’ai été professeur. J’ai été à ce moment là entraîneur-joueur. Ensuite je me suis dirigé au F.C Rouen comme adjoint du directeur du centre de formation. Ensuite, j’ai été à l’AS Cannes pour prendre en charge le centre de formation durant 3 ans et à cette époque, c’était la génération de Patrick Vieira

Je me suis dirigé ensuite vers Cean ou j’ai pris en charge le centre de formation J’ai par la suite dirigé l’équipe réserve du Havre ou j’ai notamment pris en charge les jeunes joueurs comme Mandanda, Lassana Diarra etc… Après je me suis dirigé vers le RC Strasbourg ou j’ai été recruteur puis directeur du centre de formation durant 3ans. Enfin, j’ai été appelé par M.Majidi pour un tout nouveau projet au Maroc qui a ensuite mené vers la DTN et à L’Olympique de Marseille.

Carrière riche et s’il en est. Ce qui vous a apporté beaucoup d’expérience principalement dans la formation, qu’est ce qui explique cette trajectoire ?
J’ai toujours eu cette fibre d’enseigner et de former, j’y ai baigné dès mes débuts grâce à ma période d’enseignant. Enseigner et former sont dans la nature.

Lors de vos passages dans ces divers clubs qu’est ce qui a changé dans votre travail et votre approche de celui-ci ?
Pour ma part, j’engage tous les éducateurs à évoluer et à se remettre en question selon l’environnement, car chaque région ou pays a son identité et sa culture. Mais il faut garder à l’esprit l’exigence et le haut niveau et savoir que dans chaque club, il y a 75 à 80% de joueurs du bassin. Donc les joueurs qui arrivent d’ailleurs en France ou de l’étranger doivent petit à petit s’intégrer.

Vous êtes par la suite été donc à l’académie Mohamed VI, vous qui n’avez connue que des expériences en club. Le travail et l’approche sont ils les mêmes qu’en club ? Et qu’est ce qui vous a fait choisir cette expérience ?
J’ai eu la chance dans nos formations, on avait l’obligation d’aller se former ailleurs dans différents pays… j’ai donc été amené à travailler dans différents pays d’Europe, en Amérique Latine où en Afrique.

Mais j’avoue que dans les 6 premiers mois j’ai fait l’erreur de vouloir faire un copier-coller, mais rien a marché, niveau recrutement j’ai fait une erreur. Les enfants de 15 ans ne sont pas former comme le jeune d’ici en France, il y avait une sorte de retard à la formation et c’est une remise à niveau qu’il a fallu faire en tenant compte de la particularité du contexte. Le Roi du Maroc à voulu lancer le projet pour rebooster la formation et ce fut une fierté en tant que Marocain que de participer à ce projet, c’est mon Pays et faire de la formation un point central était un projet qui m’a vraiment plu. Aujourd’hui on en voit les fruits des Aguerd, Ennesyri, Targhaline par exemple en sont des cas concret.

L’approche du travail était elle la même qu’en club où était ce différent?
Le travail reste le même qu’en club parce qu’on a crée une association pour pouvoir inscrire des équipes en U15, U17 et U19 nous avions des équipes à chaque niveau de jeune. La seul chose que nous n’avions pas était une équipe senior parce que ce n’était pas notre tâche. Et on a réussi à gagner à chaque niveau les championnats, et nous avons même donné des contrats professionnels à chaque joueurs qui devenait international à 17 ans ce qui était vraiment positif pour eux et pour nous.

Pourquoi avoir quitté vos fonctions au seins de l’académie alors que le travail portez ses fruits?
Je voulais m’inscrire dans la durée mais des interventions extérieures ont commencé à interférer et ça ne m’a pas convenue. Ces personnes n’étaient pas là pour apporter un plus ou leur pierre à l’édifice, mais plutôt pour profiter du bon travail de la mauvaise façon. Je ne pouvais pas l’accepter et suite à cela, j’ai demandé à être déchargé de mes fonctions mais je suis très heureux et satisfait parce qu’aujourd’hui encore l’académie fonctionne très bien.

Comme vous l’avez dit plus haut, pas mal de joueurs sont sortis de l’académie a l’image d’Aguerd qui évolue à Rennes, Ennesyri à Séville ou Targhaline que vous avez été chercher pour l’OM quel sentiment cela vous procure ?
C’est une grande fierté, parce qu’on est pas éternel. Mr Majidi le Roi Mohamed VI m’ont fait confiance et m’ont donné carte blanche et je suis vraiment fière d’avoir pu réaliser cela. Sous mon « mandat » sur 57 joueurs, 47 vivent actuellement du football, que ça soit en Europe ou en Botola. 50% d’entre eux ont été sélectionnés pour la CAN U17… Je ne peux ressentir que de la fierté par le travail accompli.

Suite à cela, vous avez surpris pas mal de monde en prenant le poste de DTN… surprenant un peu étant donné que ce n’est pas votre métier premier, non ?
C’est vrai que ce n’est pas mon métier premier, mais déjà en 2006, j’avais un accord verbal pour prendre en charge la DTN, mais sans avoir eu d’explication, je n’ai plus été pris… Je ne saurai vous dire pourquoi.

Suite à mon départ de l’académie, Faouzi Lekjaa m’a contacté pour le poste de DTN. Je lui ai répondu de reprendre feu Jean pierre Morlans qui a effectué du très bon travail à ce poste. Mais Lekjaa me voulait absolument moi… J’ai donc accepté à la condition d’avoir J.P Morlans à mes côtés.

Ensemble, nous avons lancé pas mal de chantiers de dépoussiérage, managements, lancement de la Cafpro ou nous avons essayé de travaillé avec les clubs professionnels. Mais ce fut compliqué de leur faire comprendre. Et ensuite, les équipes nationales avec l’accueil d’Herve Renard et les résultats connues… En jeune notamment en Afrique du Nord où le Maroc a préformé, ce fut magnifique et une belle réussite.

Là aussi j’ai arrêté parce que j’avais fait le tour mais surtout parce qu’encore une fois, des éléments extérieurs sont venus parasiter tout ça… la réussite les attirent. Ces personnes viennent graviter autour des jeunes, ou d’autres et cela a apporté des conflits. Tout cela a fait que j’ai décidé d’arrêter la collaboration à contre coeur mais avec le sentiment du travail accomplis.

Après ce départ, vous vous êtes engagé avec l’OM… comment cela c’est il passé ?
La fédération a annoncé mon départ un peu avant l’heure car j’étais censé terminer en juin et elle a annoncé cela en Mai,. Suite à cette annonce, 3 clubs m’ont contactés, le stade Rennais, l’OGC Nice et l’OM par l’intermédiaire de Claude Fichaux qui était adjoint de Rudy Garcia. J’ai aussi eu la proposition de DTN en Arabie Saoudite en suivant Herve Renard.

Suite à cela j’ai eu un échange avec Andoni Zubizaretta qui m’a fait venir. Son discours ainsi que celui du président m’ont beaucoup plus parce qu’ils mettaient vraiment la formation comme point central de leur projet. A mon retour au Maroc j’ai accepté à la condition de pouvoir honoré mes engagements pris avec la FIFA, qui elles aussi m’a fait des propositions et notamment dans la formation en Afrique ou j’ai réalisé des opérations au Burundi et au Rwanda.

Votre vision des choses a t’elle évolue depuis toutes années et suites à vos diverses expériences ?
La formation en France a changé et même à ce niveau, l’argent a fait son entrée et c’est bien dommage parce que c’est un problème. Le joueur est devenu plus fort que l’institution même à 12/13 ans… A cet âge là, on demande déjà un contrat alors qu’on ne voyait cela que vers 17/18 ans qui, a la rigueur, se comprend. A 12/13 ans, la notion de plaisir doit être la seule qui devrait exister, mais elle n’est plus là. On forme beaucoup de joueur de complément parce que beaucoup s’en vont pour des contrats.

Vous êtes vous fixé des objectifs à la formation comme un nombre de joueurs à préparer pour l’équipe première ?
Les objectifs sont clairs, à savoir : essayer de structurer la formation, de continuer à la mettre au centre du club. Le club doit jouer les 3 premières places chaque saison et pour cela, on doit former des Top players. Et oui, on se doit à Marseille de sortir des joueurs pour l’équipe première plus régulièrement à l’image de Bouba Kamara. Pour cela on se base sur 3 éléments:
1. Le recrutement en fidélisant les clubs de la région et les jeunes du bassin marseillais.
2. Les ressources humaines, il faut avoir de vrai formateur pour pouvoir sortir des joueurs pour l’équipe une
3. La méthodologie, elle doit être adaptée à l’environnement marseillais.

Votre aventure marseillaise n’a pas été de tout repos cette saison, qui a été tumultueuse, comment l’avez vous vécu?
Cette saison est particulière c’est vrai, mais le club est particulier. Ce club appartient aux Marseillais, c’est dans leur ADN. Ce qui est dans leur ADN aussi c’est la coupe d’Europe est cette saison la ligue des Champions n’a pas apporté ce qu’elle devait apporté aux Marseillais… et la baisse de régime que l’équipe a subi en janvier a compliqué les choses, notamment après tout ces départs successifs comme l’entraîneur, puis le président ou encore le responsable de la sécurité ou d’autre… mais tout ces départs ont sans doutes été bénéfique pour le Club.

Vous avez donc pris en charge l’équipe Pro de l’OM, comment avez vous vécu cette expérience ?
Je l’ai vécu avec plaisir même si ce fut rapide et inattendu. J’ai eu un appel du directeur sportif du soir pour le lendemain, j’ai voulu montrer ma solidarité avec le club, j’ai pris un risque mais je l’ai fait pour le Club. Dans cette période, on n’a pas vraiment eu le temps de cogiter puis ce qu’on jouait tous les 3 jours. Je savais que ça allait être de l’intérim.

Après cette première expérience en tant qu’entraîneur d’une équipe professionnelle, seriez vous prêt à prendre en charge une équipe pro à l’avenir ?
On en dit jamais « jamais » mais je m’inscris dans la formation. Si tel devait être le cas, ce serait dans un projet global avec en son centre la formation. Mais mon projet personnel est plutôt de continuer dans la formation.

Avez vous un message à faire passer à nos lecteurs?
Aujourd’hui, le foot demande beaucoup de travail, d’investissement et d’efforts. Les résultats ne viennent pas du jour au lendemain et je prend beaucoup de fierté et de plaisir à faire ce que je fait et y laisser une trace… J’espère que je laisserais une belle trace là où je passe et aujourd’hui, c’est à l’OM… Merci à vous supporters de nous supporter !

Hakim pour Lions de l’Atlas