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Les deux candidats à l’édition 2026 de la Coupe du monde, le Maroc et le trio Etats-Unis-Mexique-Canada, seront fixés sur leur sort par la Fifa dans un mois.

Le point sur les atouts et les faiblesses des rivaux. Le 13 juin, à la veille du coup d’envoi de la Coupe du monde en Russie, les deux candidats pour l’édition 2026 seront fixés sur leur sort. Qui, du Maroc ou du trio Etats-Unis-Canada-Mexique, organisera l’événement ? Cette 23e désignation sera dans tous les cas, un peu particulière, la première de l’ère post-Sepp Blatter, président de la Fédération internationale de football (Fifa) mouillé dans une histoire de corruption.   Deux candidatures que tout oppose Le colosse face au Petit Poucet. C’est l’image qui vient en tête à l’idée d’opposer le trio Etats-Unis-Mexique-Canada face au Maroc. D’un côté 485 millions d’habitants cumulés contre 36 millions de l’autre. Un demi-continent face à un pays. La délégation nord-américaine part avec de sérieux avantages. Notamment un, qui séduit beaucoup la Fifa : les coûts seront moins élevés. Tous les stades sont déjà construits et ils sont immenses avec une capacité moyenne de 68 000 places.   Au Maroc, seuls cinq stades sur les douze nécessaires existent déjà et ils doivent tous encore être modernisés. Pour séduire la Fifa et envisager d’ores et déjà l’après Mondial, le royaume envisage de faire construire des stades modulables. Ces infrastructures pourraient réduire en taille après la compétition pour coller aux besoins locaux. Une leçon de la Coupe du monde en Afrique du Sud qui a depuis 2010 à entretenir d’immenses stades vides. Un surcoût dont le Maroc souhaite se prémunir à tout prix. Si les deux pays ne jouent pas à armes égales en termes d’infrastructures, le trio n’a pas que des avantages. Après l’organisation conjointe compliquée entre le Japon et la Corée du Sud en 2002, la Fifa avait décidé de plus autoriser les duos à candidater. Un trio encore moins. Le contexte géopolitique de tensions entre les Etats-Unis et le Mexique et l’imprévisibilité du président Trump pourrait dissuader un peu plus les membres de la Fifa de donner la compétition à la triplette. Jeudi soir, sur Twitter, le président américain a menacé les pays que les Etats-Unis «soutiennent en toutes circonstances »de perdre ce soutien, «y compris à l’ONU», s’ils ne font pas campagne pour la candidature américano-mexico-canadienne.   Dernier point noir de la candidature nord-américaine, les déplacements très importants imposés aux spectateurs. Côté africain, un atout majeur est la ferveur. La qualification pour le Mondial russe a déclenché des scènes de liesse dans le pays après vingt ans de disette. Alors que côté nord-américain, hormis au Mexique, le football reste un sport secondaire chez les hommes. Surtout au Canada qui n’a participé qu’à une seule Coupe du monde dans son histoire. Les réformes de l’an 26Cette attribution de Mondial est la première depuis la fin de l’ère Blatter. L’ancien président de la Fifa avait démissionné après une enquête pour corruption notamment concernant la double attribution des Coupes du monde à la Russie (2018) et au Qatar (2022). Des investigations aux Etats-Unis et en Suisse sont toujours en cours pour déterminer si des pots-de-vin auraient été touchés pour l’octroi des Mondiaux de 1998 en France, 2006 en Allemagne et 2010 en Afrique du Sud. Après quinze ans à la tête de la Fifa, Sepp Blatter a été remplacé par Gianni Infantino.   Décision de l’ancien président, la nomination se fera différemment. Fini l’attribution par les 37 membres du gouvernement de la Fifa. Maintenant, ce sont les 211 fédérations (moins les candidats) qui voteront pour le prochain organisateur. Enfin, en théorie. Car dans les faits, un groupe de cinq experts de la fédération, faisant le tour de certaines villes hôtes, peut écarter «automatiquement »une candidature s’il l’estime insuffisante. Une puissance qui inquiète du côté du Maroc. D’autant plus que certains critères auraient été modifiés à deux jours du rendu du dossier de candidature, selon la Fédération marocaine de football. Mais il semble tout de même peu probable dans la situation actuelle que les experts usent de leur pouvoir. Le rejet de l’une des deux candidatures entraînerait immédiatement un tollé. L’ampleur de l’indignation serait d’autant plus forte que le pays a déjà subi quatre refus : en 1994, 1998, 2006, 2010. Dernier changement et pas des moindres : la qualification de 48 équipes pour 32 actuellement. Un élargissement important qui fait débat. Dilution du niveau ou ouverture de la compétition aux plus petites nations du foot. Pour beaucoup, cette nouvelle formule est surtout une poule aux œufs d’or. Plus d’équipes, plus de matchs (80 pour 64 à l’heure actuelle) donc plus de recettes. Un pactole supplémentaire qui s’élèverait à 640 millions de dollars selon la Fifa. En donnant quatre places de plus à l’Asie et le même nombre à l’Afrique, deux confédérations représentant à elles deux la moitié des membres de la Fifa, certains y voient également les visées électoralistes d’Infantino, initiateur la réforme.   Qui soutient qui ?L’organisation d’un tel événement fédère même au-delà des frontières de la monarchie. La confédération africaine (CAF) à la quasi-unanimité soutient le projet, même le voisin et ennemi sportif algérien votera pour le Maroc. Ce qui représente déjà 56 voix acquises. Et l’opération séduction continue. «Fuseaux horaires, distances, fans, c’est une question d’intérêt pour l’Europe [de voter pour le Maroc]», a dit à l’AFP le président de la CAF dans un appel du pied insistant, ajoutant que les Européens «n’ont pas besoin de visa »pour entrer dans le pays. La France a déjà affiché son intention de voter pour la potentielle deuxième Coupe du monde africaine.   Du côté du trio nord-américain, les soutiens sont pour l’instant moins nombreux. Dix pays du Conmebol, la fédération sud-américaine de football, donneront leur vote à la délégation. Les pays d’Amérique centrale ne se sont pour l’instant pas prononcés. Les propos de Donald Trump qualifiant de «shithole countries »(«pays de merde») certains Etats d’Amérique centrale et d’Afrique pourraient peser dans le choix final des votants. Le trio «United 2026″espère tout de même récupérer des voix côté de la confédération asiatique.   Une question reste entière : pourquoi les Etats-Unis n’ont pas décidé de porter la candidature seule ? Sur les 80 matchs prévus en 2026, 60 se dérouleront sur le sol états-unien, 10 au Mexique et 10 au Canada. Sachant que le pays bénéficie des infrastructures nécessaires pour tout organiser chez lui, pourquoi se compliquer la tâche en impliquant deux autres pays dont un avec lequel les relations géopolitiques sont tendues ? Le mystère reste entier. L’hypothèse de la baisse des coûts n’est pas véritablement recevable, puisque là encore il n’y aurait pas de construction et que rajouter 20 matchs aux 60 déjà organisés ne change fondamentalement pas grand-chose.