Le sélectionneur des Lions de l’Atlas, Vahid Halilhodzic est confiné dans les Yvelines à cause du coronavirus. Le bosnien a vécu bien pire dans sa vie comme il le confie dans un entretien accordé au Parisien.
Que retenez-vous de votre confinement en Bosnie en 1990 ?
Vahid Halilhodzic : J’étais à Mostar, directeur sportif de Velez Mostar, mon club, celui où j’ai commencé ma carrière d’attaquant. On se faisait bombarder tous les jours. A n’importe quel moment, vous pouviez prendre une bombe en pleine gueule. C’était dégueulasse. Il y a des points communs mais on ne peut pas comparer. Ici, on peut sortir avec autorisation.
Qu’y a-t-il de similaire ?
Toutes les activités se sont arrêtées. Je ne pouvais plus travailler. Sarajevo et Mostar ont été encerclées et bloquées par les belligérants. D’abord par les Serbes, qui ont été repoussés puis par des Croates. Mais nous étions pilonnés la journée et la nuit, il y avait des batailles dans les rues avec des gens en cagoule alors je ne peux pas comparer avec l’épreuve actuelle. Ma ville était aux mains des fascistes. J’essayais d’aider la population locale en organisant des convois de biens essentiels depuis la France.
Comment viviez-vous alors ?
Je restais dans ma maison, c’était une grande demeure avec des platanes qui m’ont sauvé d’un plus grand malheur. Je vivais avec ma belle-famille. J’avais réussi à envoyer ma famille à Paris. Ma femme est Croate. Je suis resté confiner chez moi, en marchant dans le jardin, pendant presque deux ans.
Mais il fallait faire attention en permanence car à tout moment, je pouvais être bombardé. Un jour, j’ai participé à une émission de radio et j’ai critiqué les Croates fascistes. J’ai reçu ensuite un appel d’un ami qui m’a dit de me cacher parce que j’allais être visé. A minuit dix, ma maison a été ciblée pendant 45 minutes. Je me suis caché au fond de ma cave. C’est le pire moment de ma vie. Ma maison était détruite.
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