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Sa présence à la tête des Lions de l’Atlas réjouit les supporters marocains avisés qui voient en lui l’homme idéal pour gérer la tanière des Lions de l’Atlas.

Mais elle inspire aussi ses détracteurs qui enchaînent les polémiques les plus absurdes à son sujet en semant le doute et la confusion qui ébranlent l’équilibre et la stabilité de la sélection dans son ensemble. Les interrogations sur son avenir à la tête des Lions, celles sur son état d’esprit actuel, ou encore sur sa nervosité observée, son histoire avec Hakim Ziyech…,

LDA veut savoir exactement ce qu’il en est pour couper court aux spéculations et mettre un terme aux multiples manœuvres de déstabilisation qui minent l’ambiance aussi bien dans le vestiaire que dans les gradins.

Lions de l’Atlas : Mr Renard, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Tout d’abord, on souhaite savoir comment allez-vous car on vous dit fatigué et très affecté par le décès de votre ancien joueur, le regretté Cheikh Tioté. On vous dit également très préoccupé par l’état de santé de votre maman qui serait à l’origine de votre nervosité observée depuis le match d’Agadir.

Hervé Renard : Je vous remercie tout d’abord de prendre de mes nouvelles. Je vais merveilleusement bien, Dieu merci. Je déplore que certains médias aient utilisé le deuil pour inventer une histoire absurde. Ces mêmes détracteurs, qui se disent des informateurs, resurgissent toujours dans des moments moins positifs pour l’équipe nationale. Après la CAN, ils sont restés en sommeil attendant tout simplement le moment opportun pour resurgir.

Cela fait partie du jeu, mais qu’ils n’utilisent pas la mort d’un joueur ou un aspect strictement personnel sur l’état de santé de ma maman. Ceci me regarde personnellement. Leur jeu, je le connais par cœur, nous le connaissons presque tous.

Il faut distribuer des informations qui alerteront les fans mais la plupart d’entre eux ne sont pas dupes. C’est pathétique de leur part. Mais la vie est ainsi, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Vous avez fait la Une dans la rubrique « Transferts « et certains médias en manque de « clics « vous ont envoyé du côté de Saint-Etienne, au même moment, d’autres ont annoncé la prolongation de votre contrat avec la FRMF. Qu’en est-il exactement au sujet de votre avenir à la tête des Lions de l’Atlas ?

Hervé Renard : Je suis sous contrat avec la Fédération Marocaine. Si monsieur le président de la Fédération m’accorde sa confiance, j’y resterai. Nous avons une échéance (qualif coupe du monde) qui se terminera au mois de novembre de cette année. Ce n’est qu’à ce moment-là, que le bilan pourra être dressé par chacun.

Le bilan d’après mon premier gros challenge était de qualifier au mieux l’équipe pour les quarts de finale de La Can 2017, mission accomplie, même si je pense au plus profond de moi que nous devions faire mieux. Merci à tout le staff et à la Fédération, l’organisation était parfaite autour de l’équipe. J’ai passé un mois exceptionnel avec des joueurs hyper réceptifs, je les en remercie tous un par un. Ils ont défendu les couleurs de leur pays avec une détermination sans faille. Après le football reste le football.

Abordons l’affaire Ziyech qui mine l’ambiance générale. Après la défaite face aux Pays-Bas et les slogans scandant son nom, vous avez réagi « à chaud « en déclarant que si le joueur revenait, vous quitteriez la sélection. Quelle sera votre réponse aujourd’hui avec le recul nécessaire ?

Hervé Renard : Avec le recul nécessaire, je suis tombé dans le piège qui m’était tendu volontairement. J’en suis responsable et je m’en excuse. C’est une énorme erreur de ma part. Il faut avec mon statut savoir beaucoup mieux gérer ce genre de situation, mea culpa.

Mais il n’y a pas d’affaire Hakim Ziyech, il y a un joueur sélectionné qui ne s’est pas présenté, point ! Ce cas précis sera géré avec beaucoup d’intelligence, dans l’intérêt général de la sélection marocaine de football.

Les règles sont et seront les mêmes pour tous, quel que soit le statut de chacun. J’ai toujours fonctionné ainsi, et notamment avec de très grands joueurs. Les petits soucis vont se résoudre et l’équipe en sera encore plus forte. Car ce cas de figure aura été un exemple. Je n’aime pas faire de comparaison, mais il me semble qu’avec le potentiel de joueurs de grandes qualités que le Maroc possède, ne pas avoir fait ne serait-ce qu’un quart de finale de coupe d’Afrique depuis 13 ans n’était pas tout à fait logique. Cela démontre bien qu’un problème devait être décelé.

J’ai depuis mon arrivée, insisté sur l’état d’esprit. Ne pas venir en sélection en étant sur d’être titulaire, et se mettre au service de l’équipe tout simplement.

C’est mon leitmotiv avec chacune des Sélections que j’ai dirigées. Jusqu’à présent, mon bilan n’est pas négatif, enfin je le pense ! Pourquoi ferai-je différemment au Maroc ? Je ne suis pas là pour faire plaisir, je suis là pour atteindre des objectifs fixés, et si l’on est venu me chercher, c’est parce que l’on savait que j’attacherai plus d’importance au collectif, qu’a un joueur en particulier.

Cette affaire semble vous agacer particulièrement, vous l’avez assez montré à vos détracteurs qui l’utiliseront pour poursuivre leur manouvre de déstabilisation. Mr Fouzi Lekjaa a évoqué la tenue d’une réunion tripartite pour une réconciliation. Que vous inspire cette démarche ?

Hervé Renard : Mr Lekjaa est quelqu’un de très intelligent qui œuvrera avec un seul but, que l’équipe soit encore meilleure que son niveau atteint aujourd’hui. Il est le grand patron, nous travaillerons toujours dans le dialogue pour atteindre nos objectifs. Je l’écoute attentivement, mais je me dois de lui donner tous les paramètres également. Jusqu’à présent, cela nous a bien réussis.

Des médias arrangent leurs ouillères pour occulter le fait que bien des sélectionneurs ont été poussés vers la sortie par une infime partie de supporters qu’on soudoyait pour scander des slogans de type « Le peuple veut Tarzan « Pensez-vous avoir insulté les supporters, comme ils prétendent, en rappelant cette vérité qui détruit notre sélection depuis plus de 10 ans ?

Hervé Renard : Je n’ai insulté personne. J’ai l’habitude de dire ce que je pense, mais en restant poli, avec l’éducation que j’ai reçue. Ces personnes sont responsables de leur propos mais attention, ce n’est heureusement qu’une faible minorité.

Revenons au foot et à vos choix de joueurs. Comme vos prédécesseurs, vous êtes confronté à l’instabilité de l’effectif de base qui change à chaque match. Etes-vous inquiet par cette instabilité ? si oui, comment y remédier

Hervé Renard : Il n’y a aucune instabilité. Il y a des postes ou lorsqu’un joueur n’est pas présent, nous avons plus de difficulté à le remplacer. Il y a donc des essais à faire, une équipe nationale ce n’est pas un club, c’est beaucoup plus difficile.

Mais pour les échéances futures, je suis certain que nous serons capables d’aligner une équipe très forte. Le mois de juin avec le Ramadan et la fin de saison, ne sont pas un bon baromètre. Nous devons être présents le 1er septembre, et nous le serons.

Est-ce que votre schéma tactique en 3-4-3 convient toujours à la sélection en dépit de l’absence de Mehdi Benatia plus à l’aise dans ce système ?

Hervé Renard : Mehdi Benatia n’est pas plus à l’aise dans un système qu’un autre, sa grande carrière le démontre. Il y a eu des essais, ces matchs du mois de juin étaient un moyen d’avoir des réponses à mes questions.

Le système importe peu, l’animation est beaucoup plus importante. Au Cameroun, nous avons trois occasions très franches. Il nous faut être plus réaliste, sinon !C’est aussi ce qui nous a fait défaut pour se qualifier pour les demies finales de la Can 2017.

A propos, Mehdi Benatia prépare son retour dans la tanière après sa mini-retraite. Avez-vous des garanties qu’il ne redemandera pas encore une fois un congé pour se consacrer à son club ?

Hervé Renard : J’ai beaucoup de respect pour Mehdi Benatia, à travers les clubs où il a évolué, son expérience est immense. Je lui fais entièrement confiance. Il saura faire le meilleur choix dans son intérêt et dans celui de l’équipe.

C’est un joueur qui aime son équipe nationale. Il l’a beaucoup démontré depuis de nombreuses années. Je demande à tous beaucoup de respect pour lui car pour atteindre de grands objectifs, on ne pourra les accomplir qu’avec des joueurs qui savent ce qu’est le haut niveau, et l’Afrique car sur ce continent, il ne faut pas seulement du talent mais beaucoup d’autres choses qu’il possède.

Nous apprécions particulièrement bien Younes Belhanda mais nous sommes très déçus par son rendement en sélection qui reste très inférieur à la moyenne. Pourtant, il est souvent aligné dans le 11 de base sans être inquiété par la concurrence. Etes-vous satisfait de lui ?

Hervé Renard : Younes Belhanda est un joueur avec beaucoup d’intelligence dans le jeu. Même Messi en sélection d’Argentine n’a pas toujours eu le même rendement qu’avec le Barça. Pourquoi ?Parce que le football est une question de collectif et de complémentarité. Nous ne jouons pas assez simple pour lui. À moi de trouver les petits détails qui le rendront meilleur avec nous. J’en suis le responsable.

Loin de nous l’idée de discuter vos choix mais l’on s’interroge aussi sur le dernier positionnement de Nordin Amrabat à droite et à fortiori celui de Nabil Dirar à gauche. Un petit mot sur ces choix

Hervé Renard : J’ai fait des choix, Nabil Dirar a rendu service à l’équipe. Je n’ai à ce jour pas le joueur que j’aime lorsque Hamza Mendyl est absent. J’aime les latéraux qui vont très vite et qui sont capables d’apporter beaucoup à l’équipe offensivement. Quand à Nourredine Amrabat, sachez qu’avec Watford, il a évolué dans un système avec 3 défenseurs centraux et lui dans le couloir droit toute la saison.

Vous avez récemment convoqué Mimoun Mahi et Yassin Ayoub pour étoffer le réservoir des Lions qui compte pas moins de 7 joueurs issus des Pays-Bas. Si je vous dis :Amine Harit, vous répondez :

Amine Harit, pour l’instant évolue sous le Maillot de l’équipe de France.

Munir El Haddadi, vous répondez : Il joue pour celui de l’Espagne et pensait certainement être sélectionné pour le championnat d’Europe U 21 qui a lieu en ce moment.

Kevin Malcuit, vous répondez : Lorsque je l’avais contacté, il m’a répondu se consacrer à son club pour en devenir un titulaire à part entière. Mais la chose la plus importante pour n’importe quel joueur, qu’il ait vraiment une grosse envie de porter les couleurs du Maroc, et qu’il sache qu’il faut se battre pour gagner sa place de titulaire.

Que vous inspire les deux dernières défaites face aux Pays-Bas et le Cameroun et comment les expliquer à part l’effet Ramadan et ses conséquences ?

Hervé Renard : Il n’y aura aucune conséquence négative. Cette période de ramadan fut très compliquée à gérer. Dans les mois qui arrivent, tout sera différent.

Que peut-on vous souhaiter à quelques semaines d’un match crucial dans la course au Mondial 2018 face au Mali ? Avec un dernier mot pour vos fans en particulier et pour les supporters marocains en général

Hervé Renard : Vous pouvez simplement souhaiter à tout le peuple marocain d’obtenir son billet pour la coupe du monde 2018. Que le peuple soit derrière son équipe, avec une âme patriotique hors du commun. Quant à moi, j’assumerai toujours mes responsabilités.

Je rêve également de coupe du monde. J’ai disputé les 6 dernières Coupes d’Afrique, j’ai envie de goûter au Graal du football mondial mais les places seront très chères. Mes sincères respects à votre site et à tout le peuple marocain.

Merci à Mr Hervé Renard à qui notre rédaction souhaite toute la réussite qu’il mérite avec notre sélection nationale (Saïd)