Dans cet entretien exclusif, Hervé Renard se livre comme rarement. Pourquoi quitte-t-il le Maroc? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné à la CAN? Où va-t-il rebondir? Quid de l’affaire Hamdallah? Découvrez les réponses de l’ex-sélectionneur des Lions de l’Atlas.
Extrait de l’interview accordée à Le 360Sport:
Quelle analyse faites-vous du parcours des Lions en Égypte?
« Notre parcours a été très très moyen au niveau du résultat parce qu’il n’y a que ça qui compte. On finit la phase de poules avec 9 points, un première place comme en 2017, et dans un groupe relevé. En huitième de finale on a la balle de match et patatra. On rentre à la maison ».
Comment expliquer cet échec?
« Deux paramètres ont pesé énormément. La difficulté à avoir la même fraîcheur physique en jouant deux matches à 18 heures en pleine chaleur. On a eu du mal à répéter les efforts notamment dans le pressing qui est notre première caractéristique pour déranger les adversaires. Contre le Bénin, on savait qu’il fallait passer plus par les côtés on l’a travaillé à la vidéo. Quand les joueurs ne trouvent pas la solution il faut une éclaircie.
Quand Boufal est rentré c’était mieux. Après il a une balle pour faire le break mais sa tête passe au dessus et puis il y a ce pénalty… on a eu des occasions de gagner. Si on est plus réalistes on oublie tout ».
Étiez-vous pleinement conscient du manque d’efficacité de votre équipe?
« Ça a été un problème récurrent. Ce n’est pas seulement le problème des Lions, c’est le problème de toutes les équipes qui veulent devenir de très grandes équipes. Il faut être efficace. Celles qui ne le sont pas sont toujours sanctionnées à un moment donné. Quand on ne marque pas on est puni ».
Dans ce cas fallait-il remplacer Hamdallah par un autre attaquant dans les 23?
« J’estimais qu’avec En Nesyri et Boutaïb on avait de quoi faire la compétition. J’étais persuadé que Boutaïb irait mieux, mais ça n’a pas été le cas. Même avec un autre attaquant ça n’aurait pas forcément changé les choses. Ça fait pas mal de temps qu’il y a un problème dans ce secteur ».
Vous ne vous êtes jamais exprimé sur cette affaire Hamdallah.
« Ce n’est pas à moi qu’il faut demander. Je ne le connaissais pas spécialement. Ce groupe a toujours bien vécu donc bon… il faut se poser la question. Il a joué avec certains joueurs avant, peut être qu’il y a des antécédents… C’était la première fois que je l’avais en sélection. Cette affaire a un peu bouleversé le groupe mais s’est vite passé ».
Vous avez essayer de le convaincre de rester?
« Je ne pouvais plus intervenir il avait pris sa décision. Je l’ai vu sur le parking de Maâmoura, il lm’a dit qu’il ne se sentait pas bien et qu’il voulait partir… Je ne vais pas le condamner ça s’est passé c’est malheureux mais c’est comme ça ».
Ziyech était très attendu dans cette CAN et il a déçu comment l’expliquez-vous ?
« L’entraîneur est là pour évoluer la saison que vient de faire le joueur, le temps de jeu, le nombre de matches importants qu’il a disputés. Sa préparation doit être faite en conséquence. Il y a aussi l’aspect mental. Tout ça c’est de ma responsabilité. Si Hakim n’a pas été au top c’est aussi parce que je n’ai pas bien géré certaines choses. Il aurait pu nous apporter plus mais je n’ai pas bien maîtrisé son cas particulier ».
Qu’est ce qui a réellement motivé votre décision de quitter le Maroc?
« J’ai voulu partir après la Coupe du Monde parce que j’estimais qu’on avait atteint le maximum en terme de qualité de jeu. Bien sûr ça ne s’est pas traduit par une qualification pour le deuxième tour mais au niveau des prestations ça a été remarquable, dans un groupe où figurait le futur vainqueur de la Ligue des Nations et un champion du Monde.
Je me suis dit que ça allait être difficile de tirer encore plus de cette équipe. On avait atteint le maximum de notre potentiel. Quand on atteint son maximum on sait que ça ne pourra pas être aussi bien après. C’est ce que j’ai ressenti ».
Mais vous êtes resté quand même.
J’en ai fait part à ma hiérarchie qui m’a demandé de continuer. J’ai accepté. On s’est mis d’accord pour un départ après la CAN. J’ai refusé toute augmentation de salaire car ce n’était pas le sens de ma démarche.
Quelle a été votre plus grosse erreur en trois ans et demi?
« J’ai fait confiance à des gens, staff et joueurs compris, jusqu’au bout, alors qu’il s’est passé des choses ces derniers mois et j’aurai peut être dû prendre des décisions fortes. Elles auraient peut être été mal perçues mais je n’ai pas su les prendre ».
En disant cela vous visez vos adjoints?
« Je n’en dirais pas plus… j’aurais dû prendre certaines mesures très fortes pour rétablir l’ordre ».