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Moquée à longueur de journée, la “Botola”, championnat professionnel de football au Maroc, n’est pas aussi mauvaise que le laissent croire les sarcasmes de certains “experts” patentés, dont les moulins commencent à manquer d’eau depuis quelque temps.

Et ce sont les purs produits de la “Botola” qui se sont chargés de porter le coup de grâce aux campagnes de dénigrement, mues généralement par un acharnement pathologique et un malin plaisir de se délecter des échecs du football marocain. En remportant de si belle manière le Championnat d’Afrique des Nations des joueurs locaux (CHAN-2018), les Botolistes ont fait voler en éclats tous les scepticismes et les tentatives de rabaisser la valeur des acteurs du championnat national, pourtant bien apprécié sous d’autres cieux. Vraisemblablement, nul n’est prophète en son pays. Les hommes de Jamal Sellami ont développé, à l’occasion de cette compétition, un jeu de classe mondiale, dominant outrageusement leurs adversaires, trustant toutes les récompenses collectives et individuelles, pulvérisant tous les records du CHAN, dont l’aura va se nourrir désormais de la bonne impression laissée par les Lions de l’Atlas. La grande maturité tactique affichée en finale contre le Nigeria ne peut être le fruit de deux ou trois semaines de préparation. Loin s’en faut. Ce sont des automatismes, des réflexes et des capacités qu’on acquiert en club avant de venir en sélection. On ne peut pas mettre autant d’intensité dans le jeu tout au long d’un tournoi, s’il n’y a pas une bonne préparation physique au quotidien. Aussi, est-il improbable d’être doté d’une telle technicité, en l’absence d’un travail de fond pour transformer la matière première en produits de qualité. En grand connaisseur des affaires du ballon rond, le “capitano” Medi Benatia va rendre un bel hommage au travail accompli par les clubs de la Botola. “Une pensée aux écoles de foot marocaines qui ont formé ces joueurs”, a écrit le défenseur de la Juventus sur sa page Facebook, juste après le sacre au CHAN. Il est vrai que la Botola est victime de la permanente comparaison avec les championnats européens, dont les images envahissent l’espace public. Sauf qu’il est totalement injuste d’établir un quelconque parallélisme, quand on connait les différences criantes en termes d’Histoire et de moyens. Cela n’empêche que le football national a été, décidément, mis sur la bonne voie, grâce au soutien manifeste des pouvoirs publics et aux efforts louables de la FRMF et de son président Fouzi Lekjaa, dont l’action tend vers une refonte et une mise à niveau du fonctionnement et des pratiques tant au sein de l’instance fédérale que des clubs. La rénovation des stades et la modernisation des équipements donneront plus de crédit à cette stratégie, si elles sont menées à terme. Car, au bout du compte, les clubs vont disposer de structures d’accueil à la hauteur des attentes de larges pans de supporters, qui ont déserté les terrains faute de prestations de qualité. A en juger par la nature de l’affluence durant le CHAN, avec une présence remarquée des familles et de la gente féminine, en particulier à Agadir et à Tanger, il devient facile de deviner pourquoi ce beau monde fait défection pour les rencontres de la Botola. Le mal réside dans la gestion généralement chaotique des matches du championnat, adossée aux incivilités de ceux qui squattent les gradins pour organiser des concours d’injures et d’insultes, à même de faire fuir le plus libéral des hommes. La responsabilité est collective pour rendre les stades plus accueillants, où la convivialité prendra le dessus sur la trivialité. Un vaste public attend impatiemment le jour où il mettre la main à la poche renflouer les caisses des clubs et faire entrer le football national dans une nouvelle ère.