Pour accueillir la Coupe du monde des clubs, le Maroc a mis les petits plats dans les grands. Une manifestation très co&ucircteuse, mais source de prestige pour le royaume.

Pour une fois que le Maroc trouve gr&acircce aux yeux de la FIFA, il n’allait pas regarder à la dépense. Le co&ucirct de l’organisation des éditions 2013 et 2014 de la Coupe du Monde des clubs, qui se dérouleront à Marrakech et Agadir, est estimé à 700 millions de dirhams. Une mise que le royaume espére bien récupérer. Optimiste, le Comité local d’organisation (LOC), mis en place par le ministére de la Jeunesse et des Sports, table sur 1 milliard de dirhams de recettes. Pour y parvenir, le pays compte sur la venue de 70 000 touristes, principalement européens. La participation de l’équipe du Bayern de Munich fait office de produit d’appel pour les tours opérateurs, qui ciblent les supporters bavarois et européens. L’Office national marocain du tourisme (ONMT) s’est également mis à l’heure du football. Lors du dernier Salon Top Reza qui a eu lieu à Paris en septembre, l’ONMT a fait de la Coupe du Monde des clubs son principal argument pour vendre les destinations Marrakech et Agadir. &ldquoLes packagings prévoient des séjours de 4 à 8 jours, avec des visites d’autres régions du Maroc lors des journées de repos des équipes&rdquo, explique Nadia Senoussi, directrice de la communication à l’ONMT. L’offre englobe uniquement le vol et l’hotel, puisque c’est la FIFA qui gére la billetterie. Le Maroc déploie aussi ses efforts de l’autre coté de l’Atlantique pour attirer les visiteurs, plus précisément les touristes brésiliens. La RAM vient ainsi d’inaugurer une nouvelle ligne reliant Casablanca à Sao Paulo, qui sera opérationnelle à partir du 9 décembre, avec deux vols hebdomadaires. Là encore, l’ONMT a organisé plusieurs manifestations au Brésil pour promouvoir la destination Maroc. &ldquoSur le segment de l’Amérique du Sud, nous sommes à 40% des prévisions de remplissage&rdquo, se réjouit Nadia Senoussi.

Qui veut gagner des millions

Tous ces efforts n’ont pas empêché quelques couacs. Alors que le compte à rebours est lancé, la préparation de la compétition a accusé du retard à l’allumage. Pour commencer, la billetterie en ligne a ouvert relativement tard par rapport aux pratiques internationales pour susciter l’engouement du public. Par ailleurs, il a fallu attendre le mois de septembre pour que l’embléme de la compétition soit révélé. &ldquoDans la rue marocaine, on n’a pas l’impression qu’une compétition va se jouer dans le pays. Il n’y a pas d’affichage urbain ni de publicité pour promouvoir l’événement auprés des jeunes et des groupes scolaires, comme &ccedila se fait habituellement. C’est une ambiance très tiéde&rdquo, estime Zaki Lahbabi, directeur général de TCM, une société spécialisé en marketing sportif. Quant aux prévisions de 70 000 touristes, elles suscitent le doute de plusieurs observateurs. &ldquoA l’exception des quelques milliers de supporters du club bavarois, personne ne se déplacera d’Amérique latine, d’Afrique ou d’Asie pour voir son équipe disputer un ou deux matchs&rdquo, commente ce spécialiste du marketing sportif. Ces prévisions auraient paru plus réalistes si l’un des deux grands clubs espagnols, le Bar&ccedila ou le Real Madrid, qui jouissent d’une grande cote de popularité au royaume, participait à la compétition. De même, pour récupérer une partie de l’argent investi, les organisateurs espérent engranger 60 millions de dirhams de recettes issues de la billetterie. Or, pour atteindre ce chiffre, il faudrait que les stades accueillent en moyenne 40 000 spectateurs lors des huit matchs programmés. Au vu des équipes participantes, le pari semble difficile à tenir. Au final, c’est la FIFA qui encaissera un maximum de bénéfices, en termes de sponsoring et de droits de retransmission télévisée.

La raison d’Etat

Si le Maroc table sur cette compétition très chére et peu populaire, c’est parce que les enjeux sont ailleurs. Pour le comprendre, il faut remonter à 1983, date à laquelle le royaume a organisé les Jeux Méditerranéens malgré un contexte politique difficile et l’entrée en vigueur d’un plan d’ajustement structurel imposé par le FMI. Cet événement a permis l’émergence d’un véritable star system au sein du sport marocain et marqué le début de l’&acircge d’or de l’athlétisme et du football. &ldquoLe Mexique, l’Argentine, l’Espagne ont tous organisé la Coupe du Monde pour marquer une rupture avec leur passé militaire et dictatorial. Actuellement, le Qatar fait du sport son cheval de bataille pour acquérir de la visibilité sur l’échiquier international&rdquo, souligne Moncef El Yazghi, chercheur en politiques sportives. A quatre reprises, le Maroc va déposer sa candidature pour accueillir la Coupe du Monde, armé de ses maquettes et de promesses. A partir de 2009, le pays change d’approche en se lan&ccedilant dans une frénésie de construction d’infrastructures sportives et en misant sur des compétitions de taille moyenne. En 2011, alors que le monde arabe est secoué par les soulévements populaires, le Maroc cherche à se positionner en tant que pays stable pour attirer les investissements et l’approbation des instances internationales. Il décroche l’organisation de la Coupe du Monde des clubs, qui permettra de roder son savoir-faire en termes d’organisation d’événements de cette ampleur. Enfin, ce Mondial permettra de donner un nouveau souffle aux destinations Marrakech et Agadir, dont les infrastructures seront renforcées. Inchallah !

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