La Coupe d’Afrique des Nations, CAN 2025, s’annonce comme une édition historique. Accueillie par le Maroc, elle bénéficiera d’infrastructures modernes, d’une organisation calibrée et d’une passion populaire déjà palpable.
Mais au-delà du soutien indéfectible du public marocain pour ses Lions de l’Atlas, une question intrigue notre rédaction : quelles nations africaines amèneront le plus de supporters au Maroc ?
Pour y répondre et établir des estimations, il faut croiser plusieurs facteurs : les enseignements de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, la proximité, les réalités logistiques propres au Maroc et… quelques enjeux politiques.
Facteur clé : le système de e-Visa imposé par le Maroc. Bien qu’il modernise le processus d’entrée, ce dispositif va représenter une barrière pour de nombreux supporters africains, peu habitués à ces démarches numériques.
À la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, l’entrée sur le territoire était facilitée pour de nombreux pays africains. Au Maroc, le e-Visa pourrait réduire la présence de supporters venant de nations à forte base populaire mais avec peu de moyens technologiques.
L’Algérie : ferveur populaire et politique ?
À première vue, l’Algérie semble la mieux placée pour constituer le plus gros contingent de supporters étrangers. La proximité géographique, les liens culturels et la ferveur des fans des Fennecs pourraient être estimés à plus de 30000 Algériens dans les rues marocaines. De quoi remplir le Stade Moulay El Hassan avec sa capacité de 22000 places.
Mais un frein majeur pourrait réduire drastiquement ce chiffre : le pouvoir algérien ne voit pas d’un bon œil une mobilisation populaire massive au Maroc. Cela pourrait se traduire par un manque de soutien logistique et même des campagnes dissuasives.
En conséquence, les chiffres algériens pourraient se situer en réalité entre 10000 et 15000 supporters, selon la marge de manœuvre laissée aux fans des Fennecs dont une bonne partie viendra de l’Europe.
Tunisie et Égypte : des valeurs sûres
La Tunisie devrait envoyer jusqu’à 15000 supporters, portée par la proximité et l’habitude des Aigles de Carthage à voyager en nombre.
L’Égypte, de son côté, comptera sur sa diaspora et sa culture footballistique. Malgré la distance et le frein du e-Visa, on peut s’attende à voir de 10000 à 20000 égyptiens profiter de la CAN pour soutenir les Pharaons et découvrir, ou redécouvrir, le Maroc.
Sénégal, RDC, Côte d’Ivoire et autres
Le Sénégal, champion d’Afrique en 2021, pourra compter sur sa diaspora au Maroc et en Europe et un réel engouement populaire. On attend 8000 à 15000 Sénégalais dans les gradins du Stade Ibn Batouta à Tanger.
La RDC, malgré une énorme diaspora, souffre souvent d’un manque de structuration des déplacements. Les estimations tournent autour de 5000 à 10000 fans, si les démarches administratives ne découragent pas une partie d’entre eux. Les Léopards compte également sur la diaspora des congolais au Maroc et en Europe.
La Côte d’Ivoire, tenante du titre, devrait compter entre 8000 et 18000 supporters, notamment grâce à un engouement encore vif après la CAN 2023 mais aussi grâce à la forte communauté ivoirienne au Maroc.
Dépenses moyennes par supporter
Pour suivre leur équipe tout au long de la phase de groupes de la CAN 2025, les supporters étrangers devront prévoir un séjour d’au moins neuf jours au Maroc. Entre hébergement (50 à 100€/j), repas (10 à 15€/j), déplacements locaux (10 à 20€/j) et dépenses annexes (sans le vol et les billets), le budget moyen par supporter pourrait avoisiner 1050 € pour cette période.
En se basant sur une estimation de 15000 supporters, algériens pour un exemple significatif, les dépenses totales générées sur le sol marocain pourraient ainsi atteindre 15,75 M€, offrant un véritable coup de pouce à l’économie locale et aux villes hôtes, malgré les contraintes liées à l’E-Visa et aux relations diplomatiques tendues entre les deux pays.
Sans ces freins, l’Algérie devrait dominer la mobilisation étrangère et bien évidemment les dépenses. Avec ces réalités, la Tunisie et l’Égypte pourraient bien occuper le devant de la scène en termes de présence populaire, aux côtés du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.
Une chose est sûre : les rues et tribunes marocaines vibreront au rythme d’une Afrique plurielle, entre ferveur locale et chants venus des quatre coins du continent.