Image lionsdelatlas par défaut

« Je ne veux pas être Messi, je veux le battre ». Avec un formidable doublé mardi lors de la victoire 3-0 de la Juventus face à Barcelone, l’Argentin Paulo Dybala a atteint son objectif. Et pour les inévitables comparaisons avec le génie du Bar&ccedila, il a laissé les autres faire le travail.

« Messi qui ? L’extraterrestre, c’est Dybala », titrait ainsi mercredi Tuttosport. Oui, mais Tuttosport est un quotidien turinois, notoirement « pro-Juve ». Allons donc plutot voir chez ses concurrents, moins soup&ccedilonnables de sympathies juventini. Le Corriere dello Sport ? Il titre « Le nouveau Messi », tout simplement. Et La Gazzetta dello Sport ? Pour le journal aux pages roses, pas de doute non plus, « Oui, c’est lui l’héritier ». L’histoire est connue et c’est Lionel Messi lui-même qui l’a répandue. « Paulo est un grand joueur. Le futur, c’est lui », disait-il en octobre 2015. Un an et demi plus tard, Dybala a montré mardi à toute l’Europe ce que toute l’Italie du football sait déjà depuis longtemps: à 23 ans, il est déjà un « fuoriclasse », un joueur hors-norme, digne de la prophétie de son aîné barcelonais. « La progression de Dybala a été exponentielle ces deux derniéres années. Cela fait déjà longtemps que je pense qu’il est du niveau des cinq meilleurs du monde et qu’il ne ferait pas t&acircche parmi les trois meilleurs », a aussi assuré mardi Gianluigi Buffon. Le gardien et capitaine de la Juve fait partie de cette « bande de lions affamés » que le frêle Dybala, à peine débarqué de Palerme, disait avoir découvert à Turin. En Sicile, o&ugrave il est arrivé avant ses 20 ans, il était surnommé « u picciriddu », le « petit gar&ccedilon ». Physique léger, visage rond de gamin et pied gauche comme une pierre précieuse, Dybala a alors été couvé quelques mois par « les lions affamés ». Dybalamask Bonucci, Chiellini, Barzagli, Mandzukic, tous les grognards et les mal-rasés de la Juventus lui ont appris l’exigence d’un très grand club. Loué partout pour sa maturité et pour la conscience de son propre destin, Dybala a vite compris. Grandi au milieu des lions comme le discret Mehdi Benatia, l’Argentin signe désormais ses buts d’un geste de la main, le « DybalaMask », un masque de gladiateur qui tranche avec sa bouille de footballeur espoir. Et mardi devant le public turinois qui a salué debout sa sortie de l’aréne, celui qui porte le N. 21 comme Zidane et Pirlo a été sans pitié pour le Bar&ccedila, qu’il a mis à genoux. Dés la 7e minute, les bianconeri insistaient sur le coté gauche du malheureux Jérémy Mathieu, encombré par sa grande carcasse face à la vivacité de danseurs de Cuadrado et Dybala. Le Colombien fixait et servait l’Argentin, qui pivotait et frappait immédiatement, trop prés du poteau pour Ter Stegen. Dybala avait sorti sa « spéciale », la frappe enroulée du gauche qui lui valait de la part de Paul Pogba le surnom de « Carré R2 », réservé aux connaisseurs de jeux vidéo. Le doublé venait à la 22e minute d’une nouvelle frappe du gauche, plus lointaine, plus séche, pareillement inaccessible pour le gardien allemand du Bar&ccedila. « C’est l’une de mes meilleures soirées. Je suis très heureux parce que ce sont des moments dont je rêve depuis que je suis enfant », a raconté l’Argentin en zone mixte. Il n’est plus un enfant, il n’est pas (encore) Messi et n’a pas fini d’en entendre parler. Mais Dybala est plus que jamais « La Joya », le joyau.