À chaque édition, le Ballon d’Or suscite débats et controverses. L’édition 2025 ne déroge pas à la règle, avec des polémiques alimentées bien avant la cérémonie, et déjà orientées par une communication soigneusement huilée autour des candidats les plus « bancables ».
Ce trophée, censé distinguer le meilleur joueur de l’année, est de plus en plus perçu comme une opération marketing au service de la visibilité du magazine organisateur, davantage motivé par les ventes que par une évaluation sportive équitable.
Depuis plusieurs semaines, les médias français mettent en scène un duel entre Lamine Yamal et Ousmane Dembélé, deux attaquants brillants qui ont marqué la saison 2024-2025. Ce narratif, calibré pour séduire un large public, relègue pourtant dans l’ombre d’autres prétendants tout aussi méritants, voire plus. Parmi eux : l’international marocain du PSG, Achraf Hakimi.
Le capitaine des Lions de l’Atlas réalise une saison tout simplement exceptionnelle. À 26 ans, Hakimi s’impose comme une référence mondiale à son poste et cumule des performances de très haut niveau en club comme en sélection. Son rôle décisif dans la qualification du PSG pour la finale de la Ligue des Champions est déterminant. Et s’il s’illustre de nouveau face à son ancien club, l’Inter Milan, il devrait légitimement devenir le favori n°1 pour rafler cette distinction individuelle.
Sur le plan offensif, Hakimi a inscrit 8 buts et délivré 14 passes décisives en 47 matchs toutes compétitions confondues, soit 22 contributions directes. Un record personnel et le meilleur total pour un défenseur cette saison en Europe.
En Ligue des Champions, le marocain affiche également 3 buts et 6 passes décisives, devenant ainsi le défenseur le plus décisif de l’édition dans cette prestigieuse compétition.
Défensivement, il n’est pas en reste : 138 tacles réussis, 27 interceptions, 192 duels au sol disputés (50,5 % de réussite) et 19 duels aériens remportés. Son taux global de réussite dans les duels avoisine les 55 %, ce qui témoigne de sa solidité et de son efficacité dans les un-contre-un. Yamal et Dembelé n’ont pas réalisé le tier de abattage défensif…
Malgré ces statistiques impressionnantes et un leadership affirmé sur le terrain, Hakimi peine à s’imposer dans le débat médiatique autour du Ballon d’Or. Pour ses nombreux soutiens, notamment du côté marocain et africain, cette mise à l’écart préméditée soulève une question : le Ballon d’Or récompense-t-il encore le mérite sportif, ou uniquement le potentiel de vente ?
Quelle distinction pour récompenser une saison exceptionnelle ?
Alors que les débats s’intensifient autour de l’identité du prochain Ballon d’Or, une autre question de fond mérite d’être posée : quelle récompense incarne aujourd’hui le plus de légitimité dans le football mondial ? Le Ballon d’Or, organisé par un média français, ou les FIFA The Best Awards, orchestrés par la Fédération Internationale elle-même ?
Le Ballon d’Or, créé en 1956, profite de son prestige historique. Il est encore considéré comme la récompense individuelle suprême. Toutefois, ces dernières années, sa crédibilité est remise en question : choix controversés, critères fluctuants, influence du marketing ou du storytelling autour des vainqueurs… autant de facteurs qui nourrissent la méfiance d’une partie du public. Seuls les journalistes spécialisés (un par pays) votent, ce qui peut créer un biais médiatique au détriment de la représentativité sportive.
À l’inverse, les FIFA The Best Awards, relancés en 2016 après la séparation avec le Ballon d’Or à cause des critiques évoquées, misent sur la transparence et l’équité du processus.
Les votes sont partagés équitablement entre les sélectionneurs et capitaines d’équipes nationales, des journalistes et le public (25%). Chaque vote est publié, garantissant une clarté totale. Ces distinctions sont aussi plus axées sur les performances concrètes sur l’année civile, ce qui pourrait jouer en faveur d’un joueur comme Achraf Hakimi, dont la saison 2024-2025 a été d’un niveau exceptionnel.