El Khannouss et Ben Seghir
El Khannouss et Ben Seghir

Malgré un talent reconnu et souvent supérieur à celui de nombreux jeunes joueurs européens de leur génération, les pépites marocaines continuent de faire face à une forme d’injustice sur le marché des transferts.

Leur valorisation reste en retrait par rapport à leurs homologues européens, dont certains, pourtant moins expérimentés ou moins exposés, bénéficient d’une cote bien plus élevée.

Le site spécialisé Transfermarkt a récemment publié son classement des joueurs U21 les plus chers du moment. Résultat : seuls deux Lions de l’Atlas figurent dans le Top 20, et occupent même les deux dernières places. Bilal El Khannouss et Eliesse Ben Seghir y sont chacun estimés à 28 millions d’euros.

Deux talents marocains, mais à « prix réduit »

Bilal El Khannouss, milieu offensif élégant et visionnaire, malgré la relégation de Leicester City cette saison, continue de susciter l’intérêt de plusieurs clubs de Premier League comme Arsenal et Wolverhampton. Le Bayern Munich, à l’affût des jeunes pépites, serait également sur les rangs. Transfermarkt le classe dans la catégorie des « bonnes affaires », un statut révélateur : talentueux, prometteur, mais toujours sous-évalué.

Eliesse Ben Seghir, autre joyau de la formation monégasque, traverse une période plus instable. Sa relation compliquée avec l’entraîneur Adi Hütter pourrait précipiter son départ cet été. Cela n’empêche pas les géants européens de s’intéresser à son profil : Liverpool, Manchester City, le FC Barcelone et le Bayern Munich seraient sur le dossier.

Des valeurs gonflées ailleurs pour des profils encore inconnus

Pendant ce temps, d’autres joueurs, pour certains encore inconnus du grand public, caracolent en tête du classement avec des valorisations étonnamment élevées. Ce n’est peut-être pas le cas de l’Anglais Jamie Bynoe-Gittens (Borussia Dortmund) mais on ne peut pas dire autant de l’Espagnol Samuel Omorodion Aghehowa (Melilla), chacun estimé à 50 millions d’euros. Juste derrière, les Turcs Kenan Yıldız (Juventus) et Arda Güler (Real Madrid) complètent le podium avec une valeur marchande de 45 millions d’euros.

Un biais structurel dans l’évaluation des jeunes talents ?

Ce décalage soulève une vraie question : pourquoi les jeunes Marocains, pourtant performants en club et parfois déjà mondialistes et médaillés olympiques, sont-ils si peu valorisés sur le marché ?

Le facteur principal semble résider dans une perception biaisée et persistante du marché, qui tend à surévaluer les joueurs issus des grands championnats européens et à sous-estimer ceux venant d’Afrique ou à double nationalité, malgré leur présence dans l’élite.

Ce déséquilibre reflète une forme d’inertie dans le regard des recruteurs, des analystes et même des algorithmes de valorisation. Il met aussi en lumière l’importance d’une représentation plus forte des joueurs marocains dans les grands clubs, où la visibilité internationale est un accélérateur de valeur.

Alors que la sélection marocaine s’est bien positionnée au plus haut niveau, le marché peine encore à accorder aux jeunes Lions la reconnaissance qu’ils méritent. Mais le talent, lui, parle pour l’avenir.

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